Des membres du clan Bongo retardent la succession pour échapper à la justice française

Le président gabonais Ali Ben Bongo Ondimba.

Des membres du clan Bongo retardent le règlement de la succession de l'ancien chef de l'Etat gabonais, Omar Bongo, afin d'échapper à la justice dans l'enquête sur leur fastueux patrimoine bâti en France, accuse l'avocat de l'association Transparency International.

"Les principaux acteurs de cette succession, habilement conseillés, ont tout à fait compris l'intérêt qu'ils ont à prolonger indéfiniment les opérations de succession", estime, selon une source proche du dossier, Me William Bourdon, avocat de l'ONG anticorruption, dans une note transmise début juin aux juges d'instruction en charge de l'enquête dite des "biens mal acquis".

Tant que la succession n'a pas abouti, "il est évidemment difficile d'envisager des poursuites" en France, ajoute l'avocat demandant aux magistrats de s'enquérir auprès des notaires mandatés pour la succession afin de connaître l'état d'avancement des opérations.

Depuis 2010, la justice française cherche à savoir si les fortunes de plusieurs familles présidentielles africaines, notamment celles d'Omar Bongo et de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), ont pu être bâties en France grâce à des fonds publics détournés de leur pays. L'enquête a débouché sur un premier procès, celui de Teodorin Obiang, fils du président de Guinée Equatoriale et actuel vice-président du pays, qui vient d'être jugé, en son absence, à Paris et sera fixé sur son sort le 27 octobre.

Dans le volet gabonais, deux personnes sont particulièrement visées, aux yeux de l'avocat: l'actuel président de la République, Ali Bongo, qui a succédé à son père à la mort de ce dernier en 2009, et Pascaline Bongo, une des filles de l'ex-chef de l'Etat, tous deux désignés comme légataires universels de leur père.

"Il est inexplicable que (Pascaline Bongo) n'ait jamais été interrogée sur le financement des biens compris dans la succession" et "sur l'origine des fonds ayant permis la constitution de son propre patrimoine", relève William Bourdon.

D'après un document de 2009 de Transparency International France, la famille Bongo et ses proches possédaient à l'époque "33 propriétés, la plupart dans les quartiers les plus chics de Paris, les autres sur la Côte d'Azur". Les actifs identifiés se monteraient à plusieurs centaines de millions d'euros, mais les contours de l'héritage d'Omar Bongo sont encore mal cernés.

Avec AFP