"Le gouvernement tunisien n'a eu de cesse ces dernières semaines de resserrer l'étau sur la presse", affirment ces 25 associations dans un communiqué publié notamment à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, mercredi.
Au titre de leur argumentaire, ces ONG, dont Reporters sans frontières (RSF) et le Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), citent le retard dans la "mise en oeuvre de la loi sur l'accès à l'information" ou encore la "nouvelle campagne de diffamation" de certains médias et partis contre la Haica, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle.
A ce sujet, elles se disent "profondément préoccupées" par un projet de loi du gouvernement prévoyant la création d'une "Instance de régulation de la communication audiovisuelle" (ICA) limitée dans ses "prérogatives" et son "indépendance".
Le collectif déplore également la récente saisie d'une petite parution hebdomadaire, à la faveur de l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis plus d'un an et demi. "C'est la première fois depuis la chute de la dictature (...) qu'un journal est interdit de la sorte", s'inquiètent ces ONG.
- 'Moment critique' -
Invitées à réagir au communiqué de ces ONG, les autorités tunisiennes n'ont pas donné suite jusque-là.
Les médias tunisiens étaient totalement muselés sous le régime de Zine el Abidine Ben Ali, balayé début 2011 par un soulèvement populaire dont le principal acquis est, de l'avis général, une liberté d'expression sans précédent dans le pays.
La Tunisie est ainsi le premier pays d'Afrique du Nord dans le dernier classement de RSF sur la liberté de la presse (97e). Si elle fait bien mieux que ses voisins maghrébins, elle a toutefois perdu une place par rapport à l'an dernier.
Parmi les membres du collectif d'ONG, Amnesty International a en outre publié mardi un communiqué distinct dans lequel elle exhorte plus largement la Tunisie à réaffirmer "son engagement en faveur des droits de l'Homme", évoquant en particulier les cas de torture et les discriminations liées au genre.
Le pays a réalisé "quelques progrès" depuis sa révolution, mais les dernières années ont marqué une "résurgence de cas impunis", en l'absence notamment de réforme du secteur de la sécurité, a argué sa directrice pour l'Afrique du Nord, Heba Morayef.
La situation en Tunisie a fait l'objet ce mardi d'un examen périodique devant le conseil des droits de l'Homme de l'ONU, le premier depuis 2012. Cette évaluation "intervient à un moment critique" et "offre une opportunité unique de faire un bilan d'étapes", a encore fait valoir Amnesty.
Avec AFP