L'un des principaux obstacles auxquels se heurtent les réfugiés soudanais qui tentent de construire une nouvelle vie en Ouganda est la barrière de la langue. Certaines des 40 000 personnes arrivées ces derniers mois avaient des connaissances limitées en anglais, mais pas suffisamment pour occuper un emploi ou évoluer facilement dans la société ougandaise. Un groupe d’autonomisation des femmes du centre de l’Ouganda tente de changer cette situation.
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"Je veux m'améliorer, pouvoir postuler à n'importe quel emploi et m'occuper de mes enfants", explique Razan Abdulrahim Muhammad, mère de quatre enfants, qui a fui le Soudan en mars et perdu le contact avec son mari.
Chacun des 50 élèves de la classe a besoin d'au moins trois mois pour apprendre la langue. Asmahan Ahmed doit utiliser l'arabe et l'anglais pour une compréhension aisée de ses élèves. Disposant de peu d'infrastructures pédagogiques, cet ancien ingénieur civil donne une leçon sur les sons de base de l'anglais. La plupart des réfugiés, dit-elle, n'ont appris qu'un peu d'anglais à l'école avant d'arriver en Ouganda.
"Il nous était difficile de communiquer et de l'utiliser à des fins sociales. Et nous trouvons cela tellement difficile de nous expliquer, ce que nous savons, ce que nous voulons, ce dont nous avons besoin”, explique Asmahan Ahmed, enseignante réfugiée soudanaise.
Dawla Hussein Hassan a été déplacée du Soudan pour la première fois en 2011, lors d'un conflit civil. Elle a cherché refuge au Soudan du Sud, mais le conflit dans ce pays l’a conduite à se réfugier en Ouganda en 2014.
Aujourd’hui directrice exécutive de l’organisation Kandaakiat pour l’autonomisation des femmes, elle s’efforce d’améliorer la vie de ces réfugiés soudanais nouvellement arrivés. Madame Hassan note que les difficultés avec la langue anglaise ont laissé de nombreux réfugiés frustrés, quelles que soient leur éducation et leurs qualifications.
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"Ils ont besoin d’une réelle aide pour s’adapter à cette communauté et ressentir leur dignité. Parce que si je suis moi-même médecin et je n’arrive pas à exprimer à mon confrère ce que je ressens, à quel point je suis malade, à cause de la barrière de la langue, la honte surgit. Et pour ces raisons… vous vous sentez humiliée”, atteste Dawla Hussein Hassan.
Début juin, l'Ouganda avait enregistré plus de 39 000 réfugiés soudanais, dont 70 % étaient des femmes et des enfants. Paul Zbigniew Dime, l'agent supérieur de protection de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en Ouganda, travaille avec le gouvernement ougandais pour que les médecins et professeurs réfugiés soient agréés et certifiés.
"Jusqu'à présent, nous avons pu établir le profil de la plupart des travailleurs, au niveau de Kiryandongo (installation de réfugiés), à Kampala. Et nous avons ces discussions et nous travaillons avec le ministère de la Santé, le ministère de l'Éducation et des Sports pour qu'ils puissent exercer une activité ici en Ouganda", soutient Paul Zbigniew Dime, Agence des Nations Unies pour les réfugiés
Mme Hassan espère qu'avec plus de soutien et l'expansion des installations d'enseignement, davantage de réfugiés acquerront de meilleures compétences en anglais pour se préparer à un avenir qui semble désormais incertain.
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