Des villageois portent plainte contre une pêcherie industrielle chinoise en Gambie

Du poisson vendu au marché central de Banjul, Gambie, 23 septembre 2006.

Deux associations représentant les habitants du village de Gunjur, en Gambie, ont porté plainte contre une pêcherie industrielle chinoise qu'elles accusent de polluer leur côte, a indiqué mardi leur avocat.

Les villageois de Gunjur, au sud de la capitale, Banjul, reprochent à la société Golden Lead, spécialisée dans la production de farine de poisson destinée à la consommation d'animaux d'élevage, de rejeter en mer des déchets toxiques détruisant la faune et la flore aquatiques locales.

Au bout de quelques mois d'activité de l'usine, qui s'est installée en septembre, la population a commencé à remarquer une odeur nauséabonde, puis des traces rouges dans l'eau, avant de retrouver des bancs de poissons morts sur le rivage. Les nageurs du lagon ont aussi commencé à se plaindre de problèmes de peau.

"Nous avons porté plainte au civil contre Golden Lead pour réclamer une interdiction définitive de la pollution par cette usine", a déclaré à l'AFP Ebrima Jaiteh, l'avocat des deux groupes locaux de défense de l'environnement.

Ils demandent également à la justice de lui enjoindre de retirer une canalisation installée dans l'océan.

"Ils déversent clandestinement des déchets dans la mer. Nous réclamons également 15 millions de dalasis (277.000 euros) à Golden Lead pour les dommages qu'ils ont causés à l'environnement", a ajouté Me Jaiteh.

Un avocat de la société chinoise, Lamin Camara, a confirmé que Golden Lead faisait l'objet d'une plainte.

"Nous ne reconnaissons rien. Nous allons nous défendre", a déclaré Lamin Camara.

L'examen du dossier doit reprendre le 25 octobre.

L'Agence nationale de l'environnement avait engagé des poursuites le 14 juin contre Golden Lead, l'accusant de déverser ses eaux usées dans l'océan sans autorisation. Mais elle a retiré sa plainte trois semaines plus tard, moyennant des promesses de dédommagement de l'entreprise.

Arrivé au pouvoir en janvier après 22 ans du régime sans partage de Yahya Jammeh, le président gambien Adama Barrow est soucieux d'attirer les investissements, notamment chinois, pour relancer l'économie de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Le cas de Gunjur est un test du niveau de tolérance des autorités gambiennes aux retombées écologiques des investissements étrangers. Les entreprises chinoises sont souvent accusées par des experts de ne pas assez se préoccuper de l'environnement dans leurs opérations en Afrique.

Avec AFP