Divergences au sein de l’opposition congolaise sur les élections à Brazzaville 

Clément Mierassa membre de l'oppositon au Congo-Brazzaville, 2 nombre 2016. VOA/Ngoula Ngoussou

Le gouvernement va organiser cette année une série d’élections pour renouveler l’Assemblée nationale, le Sénat et élire les maires de communes. Dès cette annonce, l’opposition a fait apparaître ses divergences pour la participation ou non à ces scrutins. La société civile tire appelle à l’apaisement pour éviter toute violence électorale.

Pour Clément Mierassa de la Fédération de l’opposition, une plateforme regroupe l’Initiative pour la démocratie congolaise (IDC), le Front pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratie (FROCAD) et la composante Jean Marie Michel Mokoko (CJ3M), il faut d’abord régler certains préalables.

"Le découpage électoral, par exemple, a été évoqué dans différents dialogues, mais jamais appliqué. Il est quand même anormal que la Bouenza, qui est le département le plus peuplé, ait moins de circonscriptions que les Plateaux qui a quasiment la moitié de la population de la Bouenza", indique Clément Mierassa, invitant par ailleurs à "regarder froidement cette question dans un dialogue".

Et pourtant, une autre aile de l’opposition, incarnée par le ministre Nick Fylla estime qu’il faut dès maintenant aller aux élections. Il s’agit de la Convention pour l’opposition et républicaine (COPAR). Son porte-parole Bonaventure Boundzika indique même que leur ambition est d’arracher, à l’issue de ces élections législatives, le poste de chef de file de l’opposition. "C’est une guerre interne et le peuple tranchera. Il ne s’agit pas d’une personne qui sort de chez lui et se réclame du chef de l’opposition, non", clame Bonaventure Boundzika.

Ce point de vue est partagé par l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), la principale formation de l’opposition. Pour son Premier secrétaire Pascal Tsaty Mabiala, le gonflement du corps électoral dans une circonscription n’aura pas d’impact dans l’autre. "La probabilité à l’UPADS de ne pas participer à ces élections est très moindre", indique Tsaty Mabiala.

A la majorité présidentielle, les choses sont plutôt avancées. Certains candidats se déclarent déjà. C’est le cas de Didier Clotaire Boutsindi qui, candidat dans le district de Goma Tsétsé dans le Pool. "On n’a pas besoin de dialogue pour aller aux élections. L’opposition ne doit pas poser de conditions à la participation", défend-il.

Suite aux violences qui s’ébattent dans le Pool, la société civile attire l’attention des acteurs politiques à ne pas créer d’autres tensions, et à vite régler la crise du Pool avant les élections. "Là on voit que le Pool va être exclu de ces élections. Et pourtant, c’est eux les hommes politiques qui ont créé cette situation. La société civile pense qu’il faut d’abord la paix avant d’organiser les élections", déclare Loamba Moke, président de l’Association pour les droits de l’Homme et l’univers carcéral (ADHUC), une ONG locale.

La France a déjà annoncé son appui multiforme à cette série d’élections. Les différents scrutins permettront de renouveler l’Assemblée nationale, le Sénat et de voter les maires de communes de plein exercice comme Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie ou Ouesso.

Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville