Des voix discordantes sur le dialogue en préparation à Brazzaville

La classe politique ne s'accorde pas sur la préparation d'un dialogue, à Brazzaville, le 19 octobre. (VOA/Arsène Séverin)

Les acteurs politiques ne sont pas tous d'accord sur les préparatifs du dialogue national. Si certains saluent l'initiative, d'autres jugent inopportun ce dialogue et appellent à la libération des prisonniers politiques et la mise en œuvre des conclusions des dialogues qui ont déjà eu lieu dans le pays, notamment autour de la gouvernance électorale.

Au début de ses consultations, le Conseil national de dialogue que dirige Martin Mberi, un ancien ministre, avait trouvé une oreille attentive à la majorité présidentielle et à l'opposition parlementaire dont Pascal Tsaty Mabiala est le chef de file. "Il y a un vrai besoin de dialoguer dans le pays, les Congolais ont besoin de se parler", affirme-t-il, convaincu.

Mais depuis lors, les voix s'élèvent du côté extrême de l'opposition pour s'interroger sur l'opportunité d'un tel dialogue.

Eric Patrick Mampouya, opposant, à Brazzaville, le 19 octobre. (VOA/Arsène Séverin)


Eric Patrick Mampouya, à la sortie d'une réunion de la Fédération de l'opposition congolaise, préparant la rencontre prochaine avec les membres du Conseil national de dialogue, fustige l'issue de ce dialogue qu'il qualifie d'avance de "fiasco".

"Depuis plus de dix ans, on se bat toujours à la veille des élections, on n’arrive pas à régler le problème. Ce dialogue ne produira rien ! Mais on va recevoir la délégation de M. Mberi Martin pour leur dire que ce dialogue ne donnera rien", indique l'opposant, catégorique.

Pour sa part, l'ancien prisonnier et président de Unis pour le Congo, l'opposant Paulin Makaya, tient à ce que l'ordre du jour de ce dialogue soit bouclé ensemble avec les opposants.

"C'est le pouvoir qui a changé la constitution et qui a mis en place ce conseil national de dialogue. Il faut qu'on mette en place une commission mixte paritaire, opposition-majorité-société civile et la diaspora. Il s'agit du pays qui est malade, il ne faut pas tergiverser", souligne-t-il.

Martin Mberi, président du Conseil national de dialogue, à Brazzaville, le 19 octobre. (VOA/Arsène Séverin)


Plus serein, l'universitaire Vivien Manangou analyse la démarche du Conseil national de dialogue.

"Je m'interroge sur l'efficacité des consultations par plateforme. Elles n'ont pas de bases juridiques. Ils auraient pu procéder aux consultations parti politique par parti politique. Si c'est pour parler de questions économiques, c'est du ressort du gouvernement de trouver les solutions à la crise économique. Pour les questions électorales, je ne vois pas bien ce que nous irons faire dans un dialogue, parce que nous avons empilé des dialogues, les résolutions existent, il suffit de les mettre en application".

Lors de la consultations la semaine dernière auprès des partis du centre, une bagarre a éclatée, occasionnant un blessé grave.

Martin Mberi président du Conseil national de dialogue, à Brazzaville, le 19 octobre. (VOA/Arsène Séverin)


Choqué, Martin Mberi condamne cette violence et appelle les différents acteurs politiques à dialoguer, quel que soit le problème.

"Ceci reste incompréhensible, intolérable et condamnable", dénonce-t-il avant de lancer cet appel. "J'en appelle à tous les acteurs politiques de notre pays de cesser définitivement de faire recours à la violence, ce qui n'a aucun sens. Il s'agit maintenant de pratiquer de manière constante le dialogue dont les résultats sont souvent pertinents, et c'est tout ce que nous recherchons", indique M. Mberi.

Malgré cet incident, le Conseil national de dialogue n'a pas pris de plomb dans l'aile, au contraire, il compte se déployer mercredi vers d'autres formations politiques de l'opposition.