Deux athlètes belges, dont le frère d'un kamikaze, interdits d'entrée aux Etats-Unis

Si Mohamed Ketbi de Belgique, à gauche, en compétion avec Safwan Khalil, d'Australie, lors d’un combat de de Taekwondo aux Jeux olympiques d'été de 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil, 17 août 2016.

Le frère de l'un des auteurs des attentats du 22 mars dernier à de Bruxelles est parmi les deux athlètes de la Fédération francophone belge de taekwondo qui sont vus refuser le 25 janvier l'embarquement dans un vol vers les Etats-Unis. Ils y allaient pour disputer une compétition, leur fédération, l’Association belge de francophone de taekwondo (AFBT).

Ces athlètes, Si Mohamed Ketbi et Mourad Laachraoui, accompagnés de leur coach Abdelkhalak Mkadmi, devaient participer à l'US Open, première compétition internationale majeure de la saison en taekwondo.

Mercredi 25 janvier, ils se sont présentés très tôt à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem munis de leur "ESTA", l'autorisation d'entrée sur le territoire américain requise pour les ressortissants de certains pays dont la Belgique, a expliqué mercredi dans un communiqué l'Association francophone belge de taekwondo (AFBT).

Les trois hommes enregistrent alors leurs bagages puis passent le contrôle des passeports sans encombre, afin de prendre le vol de 07H25 (06H25 GMT) pour Las Vegas.

Mais, "au moment de l'embarquement, l'hôtesse leur a signalé qu'il était désormais impossible pour eux de monter à bord (...) sans un visa réglementaire, bien que ce document ne soit pas nécessaire pour les citoyens belges voyageant vers les USA", selon la fédération.

Les autorités américaines avaient informé les sportifs belges, mais trop tard pour qu'ils rebroussent chemin.

"A 04H56 (03H56 GMT), le secrétariat de la fédération a reçu un mail ayant pour objet une mise à jour des ESTA des personnes susmentionnées. Cette mise à jour stipulait que leurs demandes d'autorisation de voyage vers les USA (ESTA) étaient à présent refusées, sans motifs particuliers", a expliqué l'AFBT.

Sollicitée par l'AFP pour connaître les raisons de ce refus, l'ambassade des Etats-Unis en Belgique n'a pas souhaité faire de commentaires.

- 'Consterné' -

Légalement, ce refus ne saurait être la conséquence du décret migratoire qui a provoqué une levée de boucliers à travers le monde, puisque le nouveau président américain ne l'a signé que deux jours plus tard.

En outre, l'un des taekwondoïstes, Mourad Laachraoui, --le frère de Najim Laachraoui, l'un des deux kamikazes qui s'est fait exploser dans le hall de l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016-- n'a que la nationalité belge, selon un membre de l'administration de Schaerbeek, la commune bruxelloise où il est né, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

D'origine marocaine, il n'a donc pas de lien avec le décret qui interdit l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen).

La fédération belge de taekwondo n'était pas joignable pour préciser si ses deux compagnons de voyage disposent d'une double nationalité.

"Cette affaire est assez dommageable. Les principes olympiques en prennent un coup. C'est regrettable, notamment dans le cadre de la candidature de Los Angeles pour les JO 2024", a réagi le porte-parole du Comité olympique belge (COIB), Luc Rampaer, interrogé par l'AFP.

Le ministre chargé des Sports dans la partie francophone de la Belgique, Rachid Madrane, s'est pour sa part dit "consterné" par cette interdiction de voyage.

Deux jours après les attaques de Bruxelles, qui ont fait 32 morts au total, Mourad Laachraoui, qui a ensuite défendu les couleurs belges aux JO de Rio, avait fermement condamné les agissements de son frère aîné, que les enquêteurs soupçonnent également d'être l'artificier des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

"On ne choisit pas sa famille", avait-il déclaré à la presse, demandant alors de ne faire "aucun amalgame".

Avec AFP