"Il y a deux millions de personnes que nous n'arrivons toujours pas à atteindre dans l'Etat de Borno, ce qui veut dire que l'ampleur réelle de la crise n'a toujours pas été révélée au monde", a déclaré dans un communiqué Manuel Fontaine, directeur régional pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
"Certaines organisations sur le terrain font du très bon travail, mais aucun d'entre nous n'est en mesure de travailler à l'échelle et avec la qualité que nous souhaiterions. Nous devons tous passer à la vitesse supérieure", a exhorté M. Fontaine.
Le 1er juillet, l'Unicef avait prévenu que 250.000 enfants de moins de cinq ans allaient souffrir de malnutrition sévère extrême dans l'Etat de Borno cette année, dont 50.000 risquent même de mourir si rien n'est fait.
Le 11 juillet, le coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, Toby Lanzer, avait évoqué une "urgence extrême", et souligné dans un entretien avec l'AFP que 220 millions de dollars (200 millions d'euros) étaient nécessaires pour "maintenir les gens en vie" dans ces zones lors des dix prochaines semaines.
En début d'année, l'Unicef avait lancé un appel aux dons pour 55,5 millions de dollars pour porter assistance à ces populations. Jusqu'ici, il n'a reçu que 23 millions de dollars.
Depuis des mois, plusieurs organisations humanitaires ont tiré la sonnette d'alarme sur les très graves pénuries alimentaires frappant le nord-est du Nigeria, épicentre des violences de Boko Haram.
Depuis 2009, cette insurrection a fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.
Ces organisations humanitaires se sont également inquiétées de la mort de nombreux déplacés - ayant fui les exactions de Boko Haram - dans des camps où sévit une malnutrition aiguë sévère.
Fin juin, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a ainsi fait état de la mort de près de 200 personnes en un mois dans le camp de Bama, situé à 70 km de la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri.
Avec AFP