DAKAR (Reuters) - François Hollande a répondu dimanche aux critiques sur son invite, formulée la veille à l'adresse des dirigeants africains, à pas s'accrocher au pouvoir.
"Les principes, par définition, s'adressent à tous et pas à un pays en particulier", a dit le chef de l'Etat lors de la conférence de presse finale du XVe Sommet de la Francophonie.
"La France n'est pas dans une posture de donner des leçons au nom de je ne sais quelle prétention", a-t-il ajouté, évoquant son souci d'être "au service des valeurs" défendues par l'Organisation mondiale de la Francophonie (OIF).
Samedi dans son discours d'ouverture, François Hollande avait érigé en exemple le Burkina Faso, où le président Blaise Compaoré a quitté le pouvoir le 31 octobre après 27 ans à la tête de son pays. Le président français avait parlé de "faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l'ordre constitutionnel".
"Il peut y avoir des révisions de Constitution", a-t-il précisé dimanche. "Mais quand elle a été adoptée par un peuple avec des règles pour les candidatures, il ne peut pas être question, à quelques jours d'un scrutin, de changer l'ordre constitutionnel".
S'il ne s'adressait officiellement à personne en particulier, le message présidentiel sonnait comme un avertissement à des dirigeants comme le Congolais Denis Sassou N'Guesso ou le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, soupçonnés de vouloir changer la loi fondamentale dans leurs pays respectifs.
Au Rwanda, un débat est lancé sur l'intention prêtée au président Paul Kagamé de vouloir rester au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats prévue dans la Constitution de 2003.
"Ce qui nous préoccupe au Rwanda, c'est de pouvoir préserver le gain que le pays a eu au cours des 20 dernières années. Le reste c'est procédural, c'est mécanique, ce n'est pas une préoccupation des Rwandais, d'autant que nous sommes à trois ans des prochaines échéances", a déclaré Louise Mushikiwabo à la chaîne France 24, en marge du Sommet de la Francophonie de Dakar.
La responsable de la diplomatie rwandaise a jugé "choquant" le propos de François Hollande "sur le fond et sur la forme".
"Je trouve que ce n'est pas normal que ce soit le président français, François Hollande, qui décide ce qu'il va se passer dans les pays africains par rapport à leur avenir politique", a-t-elle dit.
"C'est une sorte de démocratie 'Made in France' et au Rwanda on trouve cela choquant", a-t-elle ajouté. "C'est du ressort des citoyens africains, ça ne peut pas venir de la France".
Samedi, un membre de la délégation congolaise avait lui aussi protesté contre le point de vue français.
"Le Burkina n'est pas un modèle pour les autres pays. Chaque pays a sa propre réalité et ses nuances", a déclaré Collin Kandolo à Reuters. "Le président français est le président de la France, pas du Congo, et cela doit être respecté".