"Certains m'ont reproché d'avoir trop pris mon temps" à me déclarer officiellement, a-t-il confié à l'AFP dans un entretien téléphonique. "Mais ce n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Je suis candidat et je suis sûr que beaucoup, beaucoup vont me rejoindre".
A 57 ans, Donald Duke est pour l'instant le plus jeune des candidats déclarés. "C'est triste", souligne-t-il en référence indirecte au chef de l'Etat sortant, Muhammadu Buhari, qui, à 75 ans, a annoncé son intention de briguer un second mandat.
"57 ans, ce n'est déjà plus très jeune dans un pays où la moyenne d'âge est de 21, 22 ans. Avoir des dirigeants qui ont plus de 70 ans, c'est ridicule. Ils ne sont pas du tout en phase avec les réalités du pays", persifle Donal Duke.
Pour l'instant, Donald Duke ne se présente pas sous la bannière de son parti, le Parti populaire démocratique (PDP), sans exclure toutefois l'idée de pouvoir le représenter lors du scrutin.
Le PDP, par tradition politique, avait annoncé qu'il présenterait un candidat issu du nord du pays, après avoir été représenté aux deux précédentes élections par Goodluck Jonathan, originaire du Sud.
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Pour tenter de concilier ce pays extrêmement divisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien, les partis traditionnels pratiquent le +zoning+, l'alternance entre nord et sud pour leur chef de file.
"Le +zoning+ n'est pas inscrit dans la Constitution", souligne toutefois M. Duke. "Cela a été mis en place par des gens qui y trouvent leur propre intérêt. Je ne concours pas à la présidence comme sudiste, je concours en tant que Nigérian. Je veux représenter toute la nation".
Pour faciliter sa candidature, il laisse entendre qu'il pourrait rallier la Coalition pour le Nigeria, un mouvement (et non un parti), lancé par l'ancien président Olesegun Obasanjo pour rassembler des membres qui désirent voir un Nigeria "nouveau, vert et transparent".
Dynamiser l'économie
Donald Duke réserve ses principales attaques au président Buhari, l'appelant à ne pas se représenter et à "se reposer", dans une lettre publiée en janvier dernier.
Muhammadu Buhari, qui est candidat à sa propre succession malgré un bilan controversé, est sous le feu des critiques au sein même de son propre parti, l'APC (All Progressives Congress), et des membres du Parlement l'ont menacé cette semaine de destitution.
L'ancien général de 75 ans garde néanmoins un fort soutien dans le nord du pays dont il est originaire et devrait représenter l'APC à l'issue des primaires, malgré une santé fragile et plusieurs séjours à Londres pour être soigné d'une maladie non dévoilée.
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Interrogé sur son programme, M. Duke explique vouloir en priorité redynamiser l'économie du pays, qui peine à se remettre de la pire recession que l'ex-première économie d'Afrique ait connue depuis 25 ans.
"C'est Buhari qui est la cause de cette récession. Il ne savait pas ce qu'il faisait et les investisseurs sont partis", poursuit le candidat. "L'économie est au coeur de tous les problèmes de ce pays: les violences politiques, Boko Haram, les conflits entre nomades et agriculteurs,... Tout cela, c'est à cause du manque d'opportunités, au manque d'emploi. Il faut favoriser l'accès aux emprunts, à l'électricité, restaurer un climat de confiance".
Sur la lutte contre la corruption, cheval de bataille de l'administration Buhari, Donald Duke affirme qu'elle n'a pas permis de "diminuer" le niveau de corruption dans le pays.
"Si vous ne réglez pas les problèmes à la racine, vous aurez toujours de la corruption. Si les policiers ne sont pas payés, ou mal payés, ils vont toujours demander de l'argent", explique le candidat.
"Ceux qui volent l'argent (des caisses de l'Etat) doivent être jugés par un système judiciaire performant. Nous avons besoin de plus d'avocats, de plus de juges, ce n'est pas ce qui manque ici. Mais il faut créer une formation spécialisée de six mois, et juger tout le monde, quel que soit son parti politique".
Les primaires du PDP et de l'APC se tiendront entre la fin août et la fin septembre. D'ici là, Donald Duke devra avoir rassemblé une base suffisante pour pouvoir faire face à des partis extrêmement organisés, où le réseau domine sur les programmes, ou avoir convaincu son parti d'être représenté par un homme du sud.
Avec AFP