Donald Trump cherche à garder la confiance des chrétiens évangéliques

Donald Trump signe une casquette après un rassemblement à Novi, Michigan, le 30 septembre 2016.

Donald Trump se vantait la semaine dernière, lors d'un meeting dans l'Iowa, de l'adulation des conservateurs chrétiens durant les primaires républicaines de l'hiver et du printemps.

Pour l'emporter le 8 novembre face à Hillary Clinton, il aura encore besoin d'eux. Les 62 millions d'évangéliques - le groupe dominant du protestantisme américain - forment un pilier du parti républicain. Mais ils ne se mobilisent pas toujours à la hauteur des attentes des candidats.

Cette année, ils préfèrent à une large majorité Donald Trump à la démocrate Hillary Clinton.

Mais cela n'empêche pas de nombreux électeurs et responsables évangéliques interrogés par l'AFP d'exprimer leurs réserves sur le langage, la personnalité et la moralité du milliardaire censé porter les couleurs du mouvement conservateur.

Donald Trump, qui est presbytérien (non évangélique), ne correspond pas au candidat religieux-type, humble et vertueux: il est deux fois divorcé et a gagné des millions dans le secteur du jeu, avec ses casinos. En tant que patron, il a été accusé de sexisme et de fraudes. Son appel l'an dernier à un examen de foi à l'entrée des Etats-Unis pour exclure les musulmans va à l'encontre du principe de la liberté de religion.

"C'est évidemment un dilemme pour les évangéliques", admet Mike Hamlet, pasteur depuis 32 ans dans une église baptiste de Caroline du Sud, à North Spartanburg.

Mais malgré tous ses défauts, dit-il, Donald Trump présente l'avantage d'être opposé à l'avortement, contrairement à Hillary Clinton.

A Spartanburg, lors d'un récent service dominical, nombre de fidèles semblaient ainsi résignés à voter Trump.

"Mon candidat idéal ne se présente pas cette année, mais je voterai à droite", dit Pam Dean, 59 ans, éducatrice auprès d'enfants handicapés. "Jésus se trouvait à la droite de Dieu".

'Déséquilibré' contre 'immorale'

Si les chrétiens évangéliques voteront majoritairement pour Donald Trump, à en croire les sondages, c'est donc d'abord pour barrer la route au parti démocrate.

"C'est vraiment à cause de l'opposition d'Hillary Clinton aux valeurs bibliques", dit le pasteur Hamlet. "Elle est la candidate la plus favorable à l'avortement".

Hillary Clinton est pourtant loin d'être athée. Protestante méthodiste (non évangélique), elle est croyante et parle souvent de sa foi comme d'un pilier de sa vie, qui lui a permis de traverser les épreuves.

L'avortement n'est pas la seule question qui intéresse les chrétiens conservateurs. Sur le rôle de l'Etat ou la sécurité nationale, ils sont également alignés avec le parti républicain.

Mais le camp Trump s'inquiète que certains de ces électeurs se démobilisent et préfèrent rester chez eux le 8 novembre. Comme en 2012.

"En tant qu'évangélique, je ne sais pas si j'irai voter en novembre", dit Levi Fox, 25 ans, étudiant à l'université chrétienne Bob Jones à Greenville. "Beaucoup de gens de mon âge n'iront pas voter", dit-il, car ils refusent de choisir entre "un candidat déséquilibré et une candidate immorale".

D'autant que Donald Trump, qui en 1999 se disait favorable au droit à l'avortement, parle parfois avec légèreté de la religion. En juillet, il avait semblé se moquer de la communion, disant: "quand je bois un bon petit vin, mange ma petite hostie, j'imagine que c'est une façon de demander pardon".

'Honte à nous'

Le malaise est diffus dans toutes ces régions qui détermineront l'issue du scrutin, comme la Caroline du Nord, la Virginie ou la Pennsylvanie.

"A ce stade, je ne voterai pas pour lui, car il rate l'examen le plus important de tous: aime ton voisin comme toi-même", confie Carl Abrams, professeur d'histoire à l'université Bob Jones, en allusion aux propositions anti-immigration de Donald Trump.

"Certains continuent de tergiverser, mais personnellement, étant donnée l'alternative, il est le seul choix possible", affirme Alexia Newman, directrice du centre d'aide aux femmes enceintes Carolina Pregnancy Center, anti-avortement.

"Si on choisit Clinton, ce sera l'avortement à la demande, et tout le monde pourra se marier à n'importe qui", dit-elle.

Près de Spartanburg, Walter Lapp, 76 ans, accepte ce choix binaire.

"Honte à nous", dit-il, si les évangéliques ne sont pas au rendez-vous en novembre. "Nous avons une responsabilité, plus qu'un droit, de voter selon la volonté de Dieu".

Avec AFP