Donald Trump pousse sa baisse des impôts au Congrès

Le Congrès décoré pour l'investiture de Donald Trump, à Washington DC, le 18 janvier 2017. (VOA/Nastasia Peteuil)

La réforme de la fiscalité américaine promise par Donald Trump devrait franchir un premier cap jeudi avec un vote à la Chambre des représentants, où le président se rend en personne pour sonner le rappel au sein de sa majorité.

La victoire dans ce dossier prioritaire est encore loin d'être garantie, car une poignée de républicains menacent de faire défection de l'autre côté du Capitole, au Sénat... la chambre haute du Congrès qui avait déjà torpillé la tentative d'abrogation de la loi sur la santé de Barack Obama, en septembre.

Un échec qui hante toujours le locataire de la Maison Blanche, toujours sans grande réforme à son bilan, près de dix mois après son investiture. Le parti républicain, qui a tous les pouvoirs à Washington, joue aussi sa crédibilité.

"Si on échoue, on est morts", a dit sans détour le sénateur Lindsey Graham. "Si on n'y arrive pas sur les impôts, la majorité républicaine va cesser d'exister. Ce sera probablement la fin du parti", a-t-il prédit sur Fox News.

L'objectif est d'adopter la refonte de la fiscalité avant la fin de l'année, afin que les Américains commencent 2018 avec un nouveau code des impôts.

"Le jour est enfin arrivé", a déclaré Paul Ryan, le président de la chambre basse du Congrès, qui votera vers 19H00 GMT. "La Chambre va voter pour baisser les impôts des Américains et pour réformer notre code des impôts obsolète".

La réforme baisserait l'impôt sur les sociétés de 35% à 20%, et réduirait également l'impôt sur le revenu des particuliers. Une grande simplification serait actée, avec la suppression de multiples déductions fiscales, et la promesse de pouvoir remplir sa déclaration sur "une carte postale", au lieu des logiciels payants ou des comptables auxquels la plupart des Américains ont actuellement recours.

La plupart des ménages verraient leurs impôts baisser, mais la majorité a dû arrêter de promettre que tout le monde en profiterait après la publication d'analyses détaillées: 7% des contribuables paieraient plus en 2018, et 24% en 2027, selon le Tax Policy Center.

Le retour d'Obamacare

La minorité démocrate est opposée à cette réforme et dénonce une réforme profitant largement aux riches et aux entreprises. Mais les démocrates ne peuvent à eux seuls barrer la route à ce texte.

Dans la majorité, il existe des dissensions sur les priorités de la réforme, trop favorable aux grandes entreprises pour certains, trop défavorable aux ménages propriétaires pour d'autres... Si un équilibre semble avoir été trouvé à la Chambre, les arbitrages ne sont pas fixés au Sénat, le véritable goulot d'étranglement du Congrès.

Les sénateurs discutent actuellement en commission, et voteront en plénière sur leur propre version de la loi après la fête de Thanksgiving, soit à partir du 27 novembre. Chambre et Sénat devront ensuite s'entendre sur un texte identique.

Avec 52 sièges sur 100, les sénateurs républicains ne peuvent se permettre plus de deux défections. Un, Ron Johnson, a déjà annoncé son opposition en l'état.

L'inclusion à la dernière minute d'un article détricotant un volet d'Obamacare (l'obligation universelle de souscrire une couverture maladie) pourrait pousser d'autres vers le non.

Les regards sont fixés sur les quelques sénateurs qui ont défié ces derniers mois le président Donald Trump, notamment Susan Collins, John McCain, Bob Corker et Jeff Flake - ces deux derniers ne craignant plus de représailles, car ils prendront leur retraite politique l'an prochain.

Avec AFP.