Donald Trump se ressource auprès de sa base à Phoenix

Le président Donald Trump lors de la campagne électorale à Phoenix, 11 juillet 2015.

Au lendemain d'une allocution solennelle sur l'Afghanistan, Donald Trump retrouve mardi sa base électorale lors d'un meeting dans l'Arizona, mais sa visite dans cette région qui compte de nombreux immigrés mexicains pourrait être mouvementée.

Comme il le fait régulièrement depuis son accession au pouvoir, notamment il y a trois semaines dans le bastion républicain de Virginie occidentale, le dirigeant rassemblera des milliers de ses supporteurs dans un grand centre de convention à Phoenix pour un discours où pourraient se mêler priorités politiques et commentaires sur l'actualité - et peut-être un appel à "l'amour" similaire à celui lancé lundi, lorsqu'il a dénoncé les "préjugés" et "l'intolérance".

L'actualité est brûlante, après les violences de Charlottesville entre militants d'extrême droite et manifestants anti-racistes, vis-à-vis desquelles la réaction du milliardaire a été jugée ambivalente.

Des manifestations importantes auront lieu dans le centre de Phoenix, à l'appel notamment de groupes de défense des immigrés et d'autres organisations appelant à protester contre le racisme et l'intolérance.

Le maire démocrate, Greg Stanton, a enjoint Donald Trump de reporter sa visite, en vain. "L'Amérique souffre, principalement car Trump a mis de l'huile sur le feu des tensions raciales. En se rendant à Phoenix mardi, je crains qu'il ne vienne allumer une allumette", a-t-il écrit dans une tribune lundi.

Une décision potentielle pourrait enflammer la situation: celle de gracier l'ancien shérif du comté de Maricopa, incluant Phoenix, Joe Arpaio, condamné pour avoir enfreint un jugement fédéral en pourchassant excessivement les sans-papiers.

Le vieux policier, très médiatique et soutien fervent de Donald Trump, est un héros aux yeux des Américains hostiles à l'immigration. Donald Trump a dit le 13 août qu'il "envisageait" de lui accorder la première grâce de sa présidence.

"Gracier le shérif Arpaio reviendrait à soutenir officiellement le racisme et la suprématie blanche", a dénoncé Carlos Garcia, de l'organisation Puente Arizona, qui organise une manifestation devant le lieu du discours.

Celui-ci doit commencer à 19H00 dans le sud-ouest américain (02H00 GMT).

- Moins de clandestins depuis janvier -

Auparavant, le commandant en chef se rendra à proximité de la frontière avec le Mexique pour vanter les mérites du mur qu'il entend ériger sur toute la longueur de celle-ci.

Le secteur désertique de Yuma, dans l'Arizona, est l'un des premiers à avoir été équipé de clôtures renforcées depuis une loi votée en 2006, un obstacle qui a permis de diviser par dix les franchissements de clandestins à cet endroit, selon l'administration, bien que d'autres secteurs aient entre temps connu un afflux.

Donald Trump rencontrera les agents chargés de surveiller la frontière et verra notamment l'un des drones Predator utilisés par eux. Il a signé dès son arrivée à la Maison Blanche des décrets pour durcir la politique anti-clandestins, et appelé à la création de 5.000 nouveaux postes de policiers au sein de la Border Patrol, qui en compte déjà environ 20.000.

Le financement du mur --dont des prototypes doivent être présentés prochainement au gouvernement dans le cadre d'un appel d'offres-- et des moyens technologiques supplémentaires réclamés par le président fera l'objet d'une bataille au Congrès après la rentrée parlementaire de septembre, dans le cadre du budget 2018, qui doit impérativement être adopté avant le 1er octobre.

La lutte contre l'immigration clandestine est selon l'exécutif un succès indéniable du successeur de Barack Obama.

Selon le département de la Sécurité intérieure, le nombre de clandestins arrêtés à la frontière sud a été divisé par deux dans les sept premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 2016, tandis que le nombre d'arrestations à l'intérieur du pays de clandestins et d'étrangers ayant violé leur statut migratoire a bondi de 44%.

Le choix de Phoenix est également symbolique pour ce point d'étape. C'est ici que le 31 août 2016, pendant la campagne présidentielle, le candidat républicain avait présenté son plan de répression anti-immigration clandestine.

Avec AFP