L'impossible distanciation dans les quartiers périphériques de Ouagadougou

Un enfant dans ce quartier périphérique, Ouagadougou, le 19 février 2021. (VOA/Lamine Traoré)

Au Burkina Faso, dans les quartiers périphériques communément appelés "non lotis", le respect des mesures barrières contre le coronavirus est une difficulté. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur la résurgence de la maladie dans le pays, selon des spécialistes en santé communautaire.

Dans ce quartier non loti de Ouagadougou sans eau potable ni électricité, ce n’est pas le respect des mesures barrières qui est la priorité. Tous ici ont entendu parler de la maladie et ce qu’il faut faire pour s’en protéger. Mais seulement ils sont combien à le faire ?

"Il y des gens qui ne respectent pas les mesures barrières, même moi-même. Nous ne respectons pas la distanciation physique, les masques on ne les porte pas, on ne lave pas régulièrement les mains au quartier. On manque de lave-mains", a dit Sophie Bayala, une habitante du quartier.

"Nous sommes assis ici, personne ne porte son masque, pourtant j’ai mon masque dans ma poche. C’est une question de culture et d’éducation. En Afrique on se serre les mains pour se saluer. C’est une vie en communauté et c’est difficile de se soustraire", note Modeste Sawadogo, aussi un habitant du quartier.

Le masque coûte 200 FCFA. Ce n’est pas à la bourse de tout le monde dans ces zones.

"Je sais qu’on doit se protéger seulement. Il y a de nombreuses personnes qui ne respectent pas cela. On ne nous donne pas de masque. Si c’était 100 FCFA ou 50 FCFA tout le monde pouvait acheter", a affirmé Angel Zoma, une autre habitante.

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Il y a problème si ces populations ont du mal à respecter ces mesures barrières non seulement pour elles mais aussi pour le reste de la population.

"Covid-19 vient mettre à jour une situation déjà existante qui est qu’il y a une inégalité en matière de santé liée au revenu au niveau d’éducation au milieu de vie, à l’accès à l’eau potable et à l’accès aux services sociaux de base", explique Dr Moumouni Niaoné, Spécialiste en santé sociale, communautaire et comportementale. "Si une certaine partie de la population est ignorée, est laissée pour compte on ne pourra jamais gagner face à cette maladie parce qu’on va encore renforcer les inégalités en matière de santé".

Le gouvernement continue de sensibiliser les populations sur le respect des mesures barrières.

Au Burkina Faso, 139 personnes sont mortes du coronavirus depuis l’apparition de la maladie, qui a déjà touché plus de 11.000 personnes, selon les chiffres du ministère de la Santé.