Ebola : Des guérisseurs traditionnels mis à contribution en Guinée

Le chef de camp Gambarana est considéré comme un puissant sorcier capable de discerner si oui ou non une femme est une sorcière.

Les guérisseurs traditionnels sont désormais associés dans la lutte contre Ebola en Guinée, annoncent les autorités sanitaires. La décision tombe alors que Médecins Sans Frontières révèle que la lutte contre l’épidémie perd du terrain face à l’accroissement du nombre de personnes infectées dans ce pays.

Le coordonnateur national de lutte contre Ebola à Conakry, docteur Sakoba Keita, est d’avis que le fait de mettre les guérisseurs à contribution améliorera le système de détection des cas d’Ebola. Car, nombreux sont des Guinéens comme d’autres Africains qui croient que la maladie à virus Ebola soit liée au spiritisme et préfèrent donc aller voir les guérisseurs.

« Nous voulons offrir aux guérisseurs de participer à la surveillance et qu’ils acceptent de se retirer du traitement pour être des agents de surveillance, » a indiqué Keita à notre correspondant en Guinée, Zakaria Camara.

Les guérisseurs vont donc aider à notifier le système de surveillance des cas de personnes qui vont chez eux et qui ressemblent à Ebola. « Ainsi nos services pourront prendre les cas en charge très tôt, » a expliqué Keita.

Sur le terrain, la situation semble se dégrader davantage. Médecins Sans Frontières (MSF) note que les nombre de personnes infectées est passé de 230 au mois d’aout, à 360 en septembre avant d’atteindre 550 la semaine en cours.

Des efforts s’intensifient pour tant. D’autres centres de traitement sont construits et de nombreux médecins et autres acteurs de la lutte contre Ebola sont annoncés.

Jérôme Mouton, chef de mission de MSF en Guinée révèle que la dégradation de la situation est due au mouvement des personnes au niveau des frontières avec les pays voisins.

« Des frères et sœurs de la Sierra Leone et Liberia viennent chercher le refuge ou les soins ; il y a certains qui sont en bonne santé quand ils passent la frontière, ne sachant pas qu’ils ont déjà été infectés, mais qui développent les symptômes une fois qu'ils sont ici, » affirme Mouton. Pour lui, ces mouvements de personnes sont à la base de la relance de plusieurs chaines de contamination en Guinée et ces chaines ne sont peut-être plus contrôlées. MSF indique l’épidémie était pourtant sous contrôle en Guinée en juillet.