Egypte : aucun survivant après le crash d'un avion russe, la boîte noire retrouvée

Des proches des victimes de l'avion russe écrasé, le 31 octobre à l'aéroport de St.Petersbourg. (AP Photo/Dmitry Lovetsky)

Un avion de ligne russe, avec 224 personnes à bord, s'est écrasé très tôt samedi matin dans le Sinaï égyptien, ne faisant aucun survivant. On ne connaît pas encore les raisons du crash. La boîte noire, retrouvée, devrait permettre d'en savoir plus.

Un Airbus A321 d'une compagnie charter russe reliant Charm el-Cheikh en Egypte à Saint-Pétersbourg en Russie, avec 224 personnes à bord dont sept membres d’équipage, s'est écrasé, samedi 31 octobre, dans le Sinaï égyptien.

Tous les passagers sont morts. Les corps des victimes ont été retrouvés éparpillés sur un périmètre de 5 kilomètres, certains étaient calcinés. Parmi les 217 passagers, 214 étaient des Russes et trois des Ukrainiens, a assuré le gouvernement égyptien.

Les autorités égyptiennes ont retrouvé la boîte noire a annoncé en fin d'après-midi le bureau du Premier ministre Chérif Ismaïl. Elle sera analysée par des experts, ont indiqué les services du Premier ministre en précisant que l'armée a jusqu'à présent "transféré 129 corps" vers la morgue du Caire et divers hôpitaux.

Pour le moment, on ne connaît pas les raisons du crash. Le contact avec le charter de la compagnie russe Kogalymavia, plus connue sous le nom de Metrojet, a été perdu 23 minutes après son décollage à l'aube de l'aéroport de Charm el-Cheikh, au bord de la mer Rouge. Il volait alors à une altitude de plus de 30 000 pieds (9 144 mètres) et le capitaine de bord s'est plaint d'une défaillance technique des équipements de communication, selon un responsable de l'autorité de contrôle de l'espace aérien en Egypte.

L'avion s'est écrasé au milieu du nord du Sinaï, un bastion de la branche égyptienne de l'organisation Etat islamique (EI) qui a commis de nombreux attentats visant les forces de sécurité. ​

Moscou rejette la revendication de l'EI

Dans la journée, la branche égyptienne du groupe jihadiste EI a affirmé sur Twitter être responsable du crash : "Les soldats du Califat ont réussi à faire tomber un avion russe dans la province du Sinaï transportant plus de 220 croisés qui ont tous été tués", dit le message. L'EI dit agir en représailles aux "dizaines de morts (causés) quotidiennement par les bombardements" des avions russes en Syrie.

​Une revendication qui "ne peut être considérée comme exacte", a commenté le ministre russe des Transports Maxime Sokolov. "Nous nous trouvons en contact étroit avec nos collègues égyptiens et les autorités aériennes de ce pays. A l'heure actuelle, ils ne disposent d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations", a-t-il ajouté.​

Plusieurs experts militaires interrogés par l'AFP estiment que les insurgés de l'EI, dont le nord du Sinaï est le bastion, ne disposent pas de missiles capables d'atteindre un avion à 30 000 pieds, mais n'excluent pas la possibilité d'une bombe à bord ou qu'il ait été atteint par une roquette ou un missile alors qu'il redescendait à la suite de défaillances techniques.

Poutine envoie des enquêteurs russes

Le président Vladimir Poutine "a donné l'ordre au ministre des Situations d'urgence (...) Vladimir Poutchov d'envoyer immédiatement, en accord avec les autorités égyptiennes, des avions du ministère des Situations d'urgence en Egypte pour travailler sur les lieux du crash", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Le président russe a exprimé ses "profondes condoléances" aux proches des victimes et a demandé au gouvernement d'organiser "l'aide aux familles", est-il ajouté. Il a également décrété une journée de deuil national dimanche.

Le 1er novembre, les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments officiels et il est demandé aux chaînes de télévision d'annuler les programmes de divertissement, selon un décret du président diffusé par le Kremlin.

Le ministre des Transports Maxime Sokolov devait s'envoler sur les lieux de la catastrophe, ont rapporté les agences russes.

Le Comité d'enquête, chargé des principales investigations en Russie, a annoncé l'ouverture d'une enquête et l'envoi d'une équipe d'enquêteurs sur place. Une requête acceptée par l'Egypte.

Les familles sous le choc

Le dernier crash aérien en Egypte remonte à janvier 2004 et avait fait 148 morts, dont 134 touristes français. Un Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge, quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheikh.

Depuis la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak su pouvoir, le tourisme est en berne et les autorités tentent de le relancer coûte que coûte.

Malgré l'instabilité politique du pays et les attentats jihadistes visant les forces de sécurité dans le nord du Sinaï, les stations balnéaires de la mer Rouge, dans le sud de la péninsule, restent l'une des principales destinations touristiques du pays et sont très fréquentées par les touristes russes ou d'Europe de l'Est, qui arrivent chaque jour à bord de plusieurs vols charter.

"J'attends mes parents, je leur ai parlé au téléphone quand ils étaient déjà dans l'avion, et puis j'ai entendu les infos", se lamente Ella Smirnova, une jeune femme de 25 ans en état de choc à l'aéroport Pulkovo de Saint-Petersbourg.

Des ambulances arrivaient en milieu de journée à l'aéroport de Saint-Petersbourg et les autorités ont affrété des bus pour transporter les familles dans un hôtel proche, rapporte un journaliste de l'AFP sur place.

Avec AFP