Les alliés réformateurs et modérés du président iranien Hassan Rohani, étaient dimanche en voie de renforcer leurs positions face aux conservateurs, à l'issue d'un double scrutin vital à la poursuite de sa politique d'ouverture.
Religieux modéré, Hassan Rohani mise sur l'avancée majeure qu'a été l'accord nucléaire conclu en juillet 2015 avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien, pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement de 290 sièges élu pour quatre ans. la chambre sortante était dominée par les conservateurs.
Les législatives de vendredi se sont tenues en parallèle à l'élection pour huit ans des 88 religieux de l'Assemblée des experts chargés de nommer le guide suprême qui pourraient être amenés à jouer un rôle déterminant durant leur mandat. Le guide actuel, Ali Khamenei, est âgé de 76 ans.
Les résultats définitifs des législatives sont attendus lundi ou mardi.
Mais, une victoire écrasante quasiment assurée aux législatives à Téhéran des candidats de la liste "Espoir", qui regroupe les partisans réformateurs et modérés du président, constitue pour eux un coup de pouce déterminant.
Elle permet aux réformateurs d'avoir d'ores et déjà un nombre équivalent de députés (30) à ceux qu'ils avaient, au total, dans le précédent Parlement où siégeaient au près de 200 conservateurs, radicaux et modérés.
Selon des résultats officiels portant sur90% de bulletins dépouillés à Téhéran,les candidats pro-Rohani remportent la totalité des 30 sièges de la capitale qui étaient jusqu'alors occupés par les conservateurs.
Le chef de liste de ces derniers, Gholam-Ali Hadad-Adel, un ancien président du Parlement, arrive en 31ème position et serait donc battu.
En tête de liste des candidats certains d'être élus, figurent Mohammad Reza Aref (réformateur) et Ali Motahari (modéré), avec respectivement près de 1,3 million et plus de 1,1 million de voix. Ces résultats portent sur le décompte de plus 2,6 millions de bulletins sur un total de 2,9 millions d'électeurs à Téhéran.
Les réformateurs avaient inclus dans leur liste trois conservateurs modérés, dont M. Motahari, tous élus.
La liste des réformateurs/modérés à Téhéran était menée par Mohammad Reza Aref, ancien candidat réformateur à la présidentielle de 2013, qui s'était retiré en faveur du candidat Hassan Rohani, lui permettant d'être élu dès le premier tour.
Dans les reste du pays, les réformateurs/modérés et les conservateurs se partagent les voix avec des candidats indépendants qui ne figuraient sur aucune des deux listes principales, selon des résultats partiels.
Sur 94 circonscriptions de province dont les résultats sont connus, les conservateurs en gagnent 29, les réformateurs et modérés 19 et les indépendants 25. Parmi ces derniers, certains sont proches des conservateurs ou des réformateurs, dans une proportion encore difficile à déterminer. Un autre élu était à la fois sur les deux listes.
Un second tour devra être organisé en avril dans au moins 21 circonscriptions de province.
"Au-delà de nos attentes"
La plupart des conservateurs les plus radicaux qui s'étaient opposés à l'accord nucléaire ont été éliminés.
Ali Shakouri-Rad, un responsable réformateur, a jugé que "les résultats sont au-delà de nos attentes". Mais, a-t-il assuré, "nous ferons preuve de retenue pour exprimer notre satisfaction".
La percée des pro-Rohani, si elle se confirme, est d'autant plus remarquable que la plupart des grandes figures du camp réformateur avaient été écartées de la course aux législatives par le puissant Conseil des gardiens de la Constitution (conservateur) qui a un droit de veto sur les candidatures.
Autre motif de satisfaction pour le président iranien, lui et un de ses alliés, l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, sont certains d'être élus à Téhéran à l'Assemblée des experts.
Sur les 88 sièges de l'Assemblée des experts, 16 sont réservés à des élus de Téhéran où MM. Rohani et Rafsandjani sont arrivés en tête.
Mais deux religieux conservateurs, l'ayatollah Ahmad Janati et l'ayatollah Mohammad Yazdi, figurent encore parmi les seize candidats arrivés en tête et pourraient également être élus. Les réformateurs avaient fait campagne pour les éliminer de l'Assemblée.
AFP