Coalition instable en vue pour les élections législatives au Lesotho

Le Premier ministre du Lesotho Pakalitha Mosisili parle devant les Nations unies à New York, le 23 septembre 2016.

Les habitants du Lesotho, petit royaume enclavé au sein de l'Afrique du Sud, votent samedi pour des législatives anticipées qui risquent de déboucher sur un fragile gouvernement de coalition et perpétuer une instabilité politique qui dure déjà depuis plus de trois ans.

C'est la troisième fois en cinq ans que les Lésothans sont appelés à renouveler leur Parlement, dans cette monarchie de deux millions d'habitants qui figure parmi les nations les moins développées au monde.

En mars, le Premier ministre Pakalitha Mosisili, mis en minorité au sein de sa coalition de sept partis, avait demandé au roi Letsie III de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections législatives.

En 2014, son prédécesseur Thomas Thabane, alors au pouvoir depuis deux ans, avait dû renoncer à son poste après une tentative de coup d'Etat.

Battu aux élections qui avaient suivi, il s'était exilé en Afrique du Sud, assurant que sa vie était menacée.

Il a fait son retour en février dernier et fait partie des favoris de l'élection de samedi.

"Une coalition devrait émerger de ces élections, mais il est peu probable qu'elle soit couronnée de succès", craint Charles Fogelman, un chercheur américain de l'université de l'Illinois, spécialiste du Lesotho.

"Les deux coalitions précédentes n'ont pas tenu face aux guerres de pouvoir et il est difficile de ne pas imaginer le même scénario pour le futur", poursuit-il, interrogé par l'AFP.

Myriade de partis

Une myriade de partis sont en compétition pour le scrutin de samedi mais deux noms font figure de tête d'affiche pour prendre la tête de potentielles coalitions.

Malgré sa chute, le Premier ministre sortant, M. Mosisili, à la tête du Congrès démocratique (DC) pourrait s'allier avec le Congrès pour la démocratie au Lesotho (LCD) et le Front populaire pour la démocratie (PFD).

Face à lui, son prédécesseur Thomas Thabane de la Convention de tous les Basotho (ABC) devrait trouver des alliés avec l'Alliance des démocrates (AD) de l'ancien ministre de la Police Monyane Moleleki.

Le Parti national Basotho (BNP) et le Congrès réformé du Lesotho (RCL) pourraient également le rejoindre en cas de victoire.

Les derniers meetings se sont tenus dimanche dans une ambiance de méfiance et d'accusations entre les deux favoris.

"Des soldats ont comploté pour me tuer sur les instructions du Premier ministre Mosisili (...) mais maintenant je suis de retour, prêt à reprendre les rênes du gouvernement", a lancé Thomas Thabane.

Son rival a répondu en l'accusant de s'être enfui afin de "dilapider l'argent public en restant assis à ne rien faire".

Scrutin mixte

Monarchie constitutionnelle gouvernée par un roi qui n'a pas de réel pouvoir, le Lesotho est un régime parlementaire mixte.

Quatre-vingt sièges de l'assemblée sont élus au scrutin majoritaire dans les différentes circonscriptions, les 40 restant étant répartis à la proportionnelle, selon les résultats nationaux.

Il faut donc 61 sièges sur 120 pour qu'un parti puisse gouverner seul, sans coalition.

Si ce système assure la présence à l'Assemblée de nombreux partis, il est un facteur d'instabilité dénoncé par de nombreux analystes qui réclament une réforme du système.

Ces dernières années, la participation a chuté de 66% en 2002 à 46% lors du dernier scrutin.

Outre l'instabilité parlementaire, le pays se remet difficilement du coup d'Etat manqué de 2014, où le chef de l'armée, le général Tlali Kamoli, avait été accusé d'avoir fait attaquer le siège de la police par des soldats qui ont pillé des armes et tué un policier.

"Il est nécessaire de dépolitiser les forces de sécurité", prône Motlamelle Kapa, analyste politique enseignant à l'université du Lesotho.

"Elles sont au coeur des problèmes politiques du pays et ont tendance à prendre parti", déplore-t-il.

Le Lesotho, indépendant de la Grande-Bretagne en 1966, est un royaume montagneux grand comme la Belgique et totalement enclavé au sein de l'Afrique du Sud.

Avec près d'une personne sur quatre atteinte du sida, ce pays extrêmement pauvre est très dépendant de son puissant voisin sud-africain, auquel il fournit une bonne partie de ses besoins en eau.

Avec AFP