Elections nigérianes (J-5): qui de Jonathan ou Buhari l'emportera?

Une affiche de campagne électorale au Nigéria.

Plus que cinq jours et le Nigéria se rendra aux urnes pour les élections présidentielle et législatives. Deux candidats son en lice pour la présidentielle, mais deux autres forces sont déterminantes à l'issue des ces élections.

Ces élections sont encore marquées par une insécurité causée par le groupe islamique Boko Haram qui, avait menacé d’empêcher leur tenue et qui, bien militairement réduit n’a pas dit son dernier mot.

A moins d'une semaine de ce double scrutin, quatre acteurs-clé se font parler d’eux dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique et la première puissance économique du continent grâce au pétrole.

- Goodluck Jonathan -

Le président sortant, 57 ans, est candidat à sa réélection après un premier mandat très critiqué, qui a vu Boko Haram monter en puissance dans le nord-est. Le groupe s'y est emparé de pans entiers de territoires et a mené des attaques sanglantes avant de subir de récents revers face à une offensive conjuguée entre forces nigérianes et alliées des Tchad, Niger et Cameroun.

M. Jonathan est accusé de n'avoir pas su lutter efficacement contre la corruption, endémique, et d'avoir trop peu investi dans de nouvelles infrastructures dans un pays privé d'électricité plusieurs heures par jour.

Malgré son bilan, ce chrétien originaire du sud pétrolier du delta du Niger y compte toujours de nombreux supporters, un atout dans un pays aux nombreuses fractures ethniques et religieuses.

Le Nigeria, ex colonie britannique, a traversé une longue période de dictatures militaires jusqu'en 1999 et n'a encore jamais connu l'alternance politique par les urnes depuis l'indépendance de 1960.

A l'approche d'un vote qui s'annonce serré, le président s'est engagé à respecter le choix des électeurs mais il reste à voir s'il tiendra ses promesses.

- Muhammadu Buhari -

L'ancien général de 72 ans, qui a dirigé le Nigeria d'une main de fer à la tête d'une junte militaire au milieu des années 80, est le principal rival du président Jonathan.

A cours de la campagne, M. Buhari, qui se présente à la présidentielle pour la quatrième fois depuis le retour de la démocratie en 1999, a fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille.

Celui qui a déjà contesté devant les tribunaux les résultats des élections par le passé refuse d'envisager une nouvelle défaite.

Si M. Jonathan est déclaré vainqueur, la réaction de M. Buhari sera cruciale dans un pays souvent secoué par des violences post-électorales.

Selon des experts, des violences risquent notamment d'éclater dans le nord majoritairement musulman si l'ex général, l'enfant du pays, perd et, surtout, si des doutes existent sur la transparence du scrutin.

- Abubakar Shekau -

Le chef de Boko Haram, accusé d'avoir commandité des crimes contre l'humanité, a promis de perturber le bon déroulement de ces élections, considérées par le groupe extrémiste comme "non conformes à l'islam".

Ces menaces pourraient rester sans suites. Boko Haram a cependant déjà prouvé sa capacité à semer le chaos, dans le nord du pays en particulier. Il est donc possible que le groupe multiplie les attentats le jour du vote.

- Attahiru Jega -

Le chef de la commission électorale indépendante (INEC) a été très critiqué, par l'opposition pour le report du scrutin initialement prévu en février et par le parti au pouvoir pour les retards dans la distribution des cartes d'électeurs.

Mais les observateurs indépendants continuent à le considérer comme un homme déterminé, indépendant et dévoué à l'organisation d'un vote juste et crédible.

Cet ancien professeur d'université s'est fait une réputation dans le monde politique en s'opposant publiquement au dictateur Sani Abacha à la fin des années 1990.

Au vu de son parcours et de son expérience, les experts estiment que M. Jega devrait publier des résultats corrects aussi vite que possible malgré les pressions politiques dont il risque d'être victime.

- Forces de l'ordre -

Enfin, l'indépendance des forces de l'ordre peut s'avérer cruciale le jour du scrutin.

Le ministère de la Défense a publié des communiqués où il affirme être un acteur totalement indépendant du processus électoral.

Mais l'opposition accuse le chef de la police, Joseph Mbu, d'afficher publiquement son soutien au parti au pouvoir.

Ainsi en novembre, des députés de l'opposition ont été empêchés par des agents de police d'entrer dans l'enceinte du parlement à Abuja et ont été victimes de gaz lacrymogènes.

VOA/AFP