"Ensemble, les Kabila ont bâti un réseau d'entreprises qui s'étend dans tous les secteurs de l'économie congolaise et qui a rapporté des centaines de millions de dollars à leur famille", écrit l'agence de presse américaine spécialisée dans les questions économiques.
L'ampleur de ces intérêts économiques "pourrait aider à comprendre la raison pour laquelle le président (congolais) ignore les appels des États-Unis, de l'Union européenne et d'une majorité de Congolais à rendre son pouvoir la semaine prochaine", estime Bloomberg.
Dans un tweet, l'agence amércaine a écrit "Ce dirigeant dont l'empire financier atteint tous les coins de l'économie".
Bloomberg indique que sa publication est le résultat d'un travail d'un an réalisé par trois journalistes sur le "réseau d'affaires" de la famille présidentielle et s'appuyant sur plusieurs dizaines d'interviews et des "milliers de documents d'entreprises et de documents judiciaires" consultés par ses soins.
Sur VOA Afrique, Franz Wild, l'un des journalistes à l'origine de ces révélations précise que "ce sont des dossiers officiels et on est sûr que ce sont vraiment des sociétés qui appartiennent à la famille présidentielle."
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Ravagée par deux guerres entre 1996 et 2003, après trois décennies d'une dictature kleptocratique soutenue par l'Occident, la RDC est connue pour l'extraordinaire richesse de son sous-sol et la grande pauvreté de sa population dont près de 90% des habitants survivent avec moins de 1,25 dollar par jour, selon l'ONU.
Des enjeux familiaux
Dans sa longue analyse, Bloomberg News explique que "dans l'économie pratiquement informelle, où les enjeux familiaux sont presque tous des sociétés privées, les finances exactes des activités ne sont pas connus. Les quelques chiffres disponibles dans les documents accessibles au public montrent des investissements d'une valeur de plus de 30 millions de dollars dans seulement deux sociétés. Le revenu estimé pour une autre entreprise dépasse 350 millions de dollars sur quatre ans - dans un pays où les données de la Banque mondiale montrent que près des deux tiers des 77 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 $ par jour".
Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a répondu aux journalistes américains qu'il ne pouvait pas commenter sur des questions concernant la famille du président, qu'il considérait "comme une affaire privée".
Lorsque Bloomberg News a demandé s'il pourrait poser des questions à Kabila, il a dit que "le président ne parle pas aux médias occidentaux". Theodore Mugalu, qui s'occupe des affaires personnelles de la famille, n'a pas répondu à une série d'appels téléphoniques demandant un entretien.
Mais pour les journalistes, le plus choquant, c'est l'enrichissement du président lors de son mandat. "Les entreprises de la famille Kabila ont grandi avec l'économie en développement du Congo. Et ils jouissent maintenant d'un avantage du pouvoir présidentiel: la protection de la Garde républicaine, une unité d'armée d'élite qui est censée protéger Kabila lui-même".
Avant de continuer : "en juillet 2015, des membres de la garde ont accompagné sa femme, Olive, après avoir acheté une ferme de bétail dans les collines herbeuses du Nord-Kivu. Selon trois travailleurs qui ont été déplacés, elle a demandé qu'ils enlèvent leurs maisons de fortune ou bien regarder les soldats les détruire".
120 permis miniers
Depuis 2003, la famille Kabila "a mis en place un réseau international d'affaires" avec des participation dans "70 entreprises au moins", écrit Bloomberg.
M. Kabila, "sa femme, ses deux enfants et huit de ses frères et soeurs contrôlent ainsi plus de 120 permis d'extraction d'or, de diamants, de cuivre, de cobalt et d'autres minerais" en RDC, ajoute l'article qui décrit la mainmise sur les richesses et l'économie du pays par un clan animé d'une soif inextinguible d'argent.
Outre les mines, l'empire familial s'étend dans "la banque, l'agriculture, la distribution de carburant, le transport aérien, la construction de routes, l'hôtellerie, la fourniture de produits pharmaceutiques, le secteur des agences de voyages, le commerce et les boîtes de nuit", ajoutent les auteurs de l'enquête parlant d'entreprises installées au Congo, mais aussi aux États-Unis, à Panama, en Tanzanie et sur l'île de Niue, paradis fiscal du Pacifique.
"On ne peut pas empêcher un membre de la famille du chef de l'État d'avoir des ambitions ou de posséder des biens. Encore moins de faire du business", a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, à l'AFP qui lui demandait de réagir à l'article de Bloomberg, la présidence de la République congolaise fonctionnant sans porte-parole.
Notant qu'aucune loi n'interdit au président ou à sa famille de faire des affaires, M. Mende a estimé en substance que la publication de ces informations procédait de la volonté de nuire à la RDC qu'il attribue aux Occidentaux pour avoir demandé pendant des mois, en vain, que M. Kabila lâche le pouvoir le 20 décembre.