Si les 40.000 sièges du stade d'Orlando sont loin d'avoir tous trouvé preneur, le match amical entre l'Afrique du Sud A' et les Barbarians français s'est déroulé devant un public mixte, une rareté dans une Afrique du Sud encore très divisée racialement, 23 ans après la fin de l'apartheid.
Habituellement, en Afrique du Sud, les choses sont plutôt simples: les Blancs se déplacent pour voir du rugby, les Noirs pour assister aux matches de foot.
Vendredi, William Thusi, un officier de police noir de l'ouest de Soweto, se réjouissait du retour du rugby dans son township.
"C'est une très bonne chose. On ne voit pas souvent du rugby à Soweto. Je suis plutôt branché foot, mais je suis rugby dès que je peux", expliquait-il à l'AFP.
Pour Neo Ponosha, vendeur de snacks dans les travées du stade, la présence de tous ces supporters blancs est une surprise.
"C'est un choc, mais c'est un bon choc! Je ne suis pas vraiment le rugby, mais je vais peut-être m'y mettre maintenant", assure t-il.
Quand il s'agit de sport, Soweto et ses 1,3 million d'habitants, quasiment tous noirs, est plus connu pour ses deux équipes de football : les Kaizer Chiefs et les Orlando Pirates.
Il faut remonter à 2010 pour voir un grand match de rugby dans le township. Les Blue Bulls de Pretoria s'étaient délocalisés en raison de la Coupe du Monde de football pour affronter les Crusaders en demi-finale du Super Rugby.
Le rugby a pourtant été un vecteur d'unité, bien utilisé notamment par l'ancien président Nelson Mandela.
En 1995, le pays sorti depuis seulement un an de la dictature raciste de l'apartheid, avait organisé - et remporté - la coupe du monde de rugby, une union nationale qui avait aidé le temps de quelques semaines à améliorer les relations Noirs/Blancs.
- 'Accueil génial' -
Si le rugby est encore loin d'être le sport numéro 1 dans les townships, la politique de quotas de la Fédération sud-africaine qui vise à sélectionner une moitié de joueurs noirs dans l'équipe nationale d'ici 2019 pourrait accroître l'intérêt pour le ballon ovale.
Samedi dernier, pour le deuxième match des Springboks face à la France (victoire 37-15), sept joueurs de couleur étaient alignés dans le XV de départ choisis par le sélectionneur Allister Coetzee. Un progrès par rapport aux douze Blancs alignés il y a seulement deux ans, en demi-finale du Mondial.
Vendredi, quelques supporters français vivant à Johannesburg avaient également fait le déplacement pour assister au retour du rugby à Soweto.
"Ce n'est pas ma première fois à Soweto mais c'est la première fois que je viens y voir du rugby", raconte Xavier Moreau, un Palois expatrié de 47 ans, venu au stade avec son fils et sa fille.
"Je travaille dans une entreprise où les employés sont de toutes les origines raciales, j'ai l'habitude de la diversité. Mais ici ce mélange, c'est une ambiance incroyable", s'enthousiasme-t-il en agitant un drapeau français.
Theunis Kleinhans, un afrikaner au torse nu peint en vert et un chapeau à l'effigie d'un springbok, l'emblème de l'équipe sud-africaine, est tout aussi heureux.
"L'accueil ici est génial", se réjouit-il en passant au milieu des supporters français le prenant en photo.
Samedi, à Johannesburg les Bleus affronteront une troisième fois les Springboks et tenteront d'effacer les deux lourdes défaites des premiers matches.
"Il y aura des milliers de Français à l'Ellis Park. Je serai là avec une trompette, pas une vuvuzela", plaisante Xavier Moreau.
Les supporters tricolores espèrent que leur équipe fera mieux que les Barbarians, balayés 48 à 28 par la réserve sud-africaine, vendredi soir.
Avec AFP