"La transformation en matière raciale est un sujet d'intérêt national", mais elle "s'effectue de façon très lente", a déploré le juge Ntendeya Mavundla, à la Haute Cour du Nord-Gauteng à Pretoria, lors de l'audience de l'examen de la plainte déposée par un micro-parti politique, l'Agence pour un nouveau programme (Agency for a New Agenda, ANA), une formation inconnue jusqu'à présent.
L'ANA estime que le nombre de joueurs blancs dans la sélection des Springboks -22 sur 31, selon la Fédération sud-africaine de rugby- est trop élevé, et elle veut les empêcher de participer à prochaine Coupe du monde en Angleterre (18 septembre-31 octobre).
Plus de 20 ans après la fin du régime d'apartheid en Afrique du Sud, "les questions liées à la transformation raciale sont de nature à faire perdre patience à la population", a poursuivi le magistrat noir, assurant toutefois ne pas éprouver de "rancune" envers ses "compatriotes blancs".
La plainte déposée par l'ANA -un parti qui affirme avoir fait sécession en 2013 du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC)- vise le ministre des Sports Fikile Mbalula et la Fédération sud-africaine de rugby (SARU).
"On a eu 21 ans pour changer cela, on ne peut pas attendre plus longtemps", a déclaré à l'AFP le président de l'ANA, Edward Mokhoanatse, en faisant allusion à la fin du régime d'apartheid en 1994.
Le juge a ordonné au plaignant de se doter d'une représentation juridique appropriée, avant de poursuivre l'étude de la plainte, soit mercredi après-midi, soit vendredi.
Traditionnel "sport des Blancs" en Afrique du Sud, le rugby a toutefois été un symbole de réconciliation nationale : en 1995, le capitaine François Pienaar a reçu le trophée du champion du monde des mains du président sud-africain et héros de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela, qui avait revêtu pour l'occasion le maillot des Springboks.
La composition de l'équipe sud-africaine de rugby, l'une des meilleures du monde, reste cependant un sujet sensible dans ce pays d'Afrique australe.
Sous la pression du gouvernement, la SARU s'était engagée à inclure au moins sept joueurs "non blancs" parmi les 31 joueurs sélectionnés pour le Mondial 2015, une directive appliquée par le sélectionneur qui a appelé neuf joueurs de couleur, un record.
Avec AFP