En Haïti, au moins 70 personnes tuées par un gang selon l'ONU

La police patrouille dans les rues de Port-au-Prince, après que des membres de gangs ont tenté d'attaquer un poste de police, 25 avril 2023. Reuters / Ralph Tedy Erol

Un gang a tué "au moins 70 personnes" dont des femmes et des enfants, jeudi en Haïti et en a blessé grièvement au moins 16 autres, a indiqué l'ONU vendredi.

"Des membres du gang 'Gran Grif', munis de fusils automatiques, ont tiré sur la population, tuant au moins 70 personnes, dont environ 10 femmes et trois nourrissons", précise le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme dans un communiqué, se disant "horrifié". Le massacre a été perpétré à Pont Sondé, une localité du département de l'Artibonite située sur la route reliant Port-au-Prince à Cap-Haïtien. Deux des personnes grièvement blessées sont des membres du gang touchés lors d'un échange de tirs avec la police haïtienne.

Les membres du gang "auraient incendié au moins 45 maisons et 34 véhicules", forçant des habitants à fuir. Le Haut-Commissariat appelle "à une augmentation de l'aide financière et logistique internationale à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti". La MMAS, composée pour l'essentiel de policier kényans, a entamé il y a peu une mission de soutien aux forces de l'ordre haïtiennes qui ont le plus grand mal à s'opposer aux gangs, lourdement armés, qui mettent à feu et à sang la capitale haïtienne et ses alentours depuis de très long mois.

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L'implication des États-Unis dans la crise haïtienne

"Il est également essentiel que les autorités mènent une enquête rapide et approfondie sur cette attaque, qu'elles poursuivent les présumés responsables en justice, et qu'elles garantissent des réparations aux victimes et à leurs familles", souhaite encore le Haut-Commissariat. Un souhait qui risque fort de rester lettre morte, au regard de la fragilité des institutions du pays. Fin septembre, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions visant le chef du gang "Gran Grif", Luckson Elan, pour son implication dans de graves violations des droits de l'homme, ainsi qu'un ancien membre du Parlement, Prophane Victor, pour son rôle dans la formation, le soutien et l'armement de gangs.

Au moins 3.661 personnes ont été tuées depuis janvier dans le pays en raison des violences, avait indiqué le Haut-Commissariat la semaine dernière. La vague de violence et une situation humanitaire catastrophique ont forcé plus de 700.000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) publiés mercredi. Les trois quarts environ de ces personnes déplacées internes sont désormais hébergées dans les provinces du pays, la région du Grand Sud en accueillant à elle seule 45%, selon l'agence onusienne.