Sauvés au large de la Libye entre samedi et dimanche, ces migrants, dont sept femmes enceintes, onze enfants en bas âge et 123 mineurs isolés, vont, pour plus de la moitié d'entre eux, être transférés du navire humanitaire Aquarius vers deux navires italiens.
Cette opération a débuté dans l'après-midi avec un premier transbordement de 90 personnes sur un total prévu de 500, a affirmé sur Twitter peu avant 15 heures (13 heures GMT) Annelise Borges, de la chaîne de télévision Euronews, la seule journaliste à bord de l'Aquarius.
L'Aquarius est bloqué depuis dimanche à une trentaine de milles de la côte maltaise, faute de volonté de cette petite île méditerranéenne, mais aussi de l'Italie, d'ouvrir leurs ports.
"La situation est calme si on considère le nombre d'heures (passées en mer) et les souffrances que ces gens ont déjà endurées", a raconté à l'AFP cette journaliste, rappelant que certains d'entre eux étaient restés "20 ou 30 heures" en mer avant d'être secourus par l'Aquarius ou par les garde-côtes italiens qui les ont ensuite transportés sur ce navire humanitaire.
"Les équipes sont soulagées qu'une solution se profile. Mais ça prolonge inutilement le temps passé en mer pour les rescapés déjà vulnérables", a commenté sur Twitter SOS Méditerranée, l'ONG française qui a affrété l'Aquarius.
Inquiétude
Tandis que cette attente se prolongeait, beaucoup de ces migrants se sont inquiétés d'être renvoyés en Libye, à tel point que les secouristes de l'Aquarius ont dû faire le tour du navire, cartes en main, pour montrer qu'ils étaient désormais loin des côtes libyennes, a encore raconté la journaliste d'Euronews au téléphone.
Une fois les opérations de transfert terminées, les trois unités feront route vers Valence en Espagne, soit une traversée de quelque 1.500 km. Il leur faudra quatre jours pour atteindre leur destination, ont affirmé mardi les garde-côtes italiens dans un communiqué.
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L'Aquarius, présent depuis février 2016 dans cette partie de la Méditerranée, où il a secouru près de 30.000 personnes, était depuis dimanche au centre d'un bras de fer entre l'Italie et Malte, avant que l'Espagne ne se propose de l'accueillir.
SOS Méditerranée, inquiète de la durée du voyage, avait dans un premier temps décliné l'offre de l'Espagne.
Détermination
"La meilleure solution serait de débarquer ces personnes secourues dans le port le plus proche d'où elles pourraient être transportées vers l'Espagne ou un autre pays sûr", avait également réagi l'ONG française Médecins sans frontières (MSF), elle aussi présente sur l'Aquarius.
Mais la détermination du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, à la manoeuvre depuis le début de cette crise, l'a finalement emporté.
"Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON", a assuré lundi sur Twitter M. Salvini, qui est en même temps le patron de la Ligue (extrême droite).
Et ce n'est qu'une étape pour celui qui s'est imposé ces derniers jours comme le véritable homme fort de la vie politique italienne, après avoir remporté avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) les législatives du 4 mars.
Matteo Salvini a en outre mis en garde les autres ONG qui patrouillent au large de la Libye, leur disant qu'elles seraient traitées de la même manière. Autrement dit, que les ports italiens leurs seraient dorénavant interdits.
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Ce qui n'a pas empêche SOS Méditerranée d’affirmer mardi vouloir poursuivre ses opérations de sauvetage au large de la Libye, dès que l'Aquarius serait de retour d'Espagne.
Cette fermeté ne concerne pour l'instant que les ONG, dont aucune n'est italienne, avait remarqué lundi M. Salvini.
Un navire des garde-côtes italiens est ainsi attendu en Sicile dans les prochaines heures où il amènera quelque 937 migrants, également secourus au large de la Libye.
Il n'empêche, le nouveau ministre italien de l'Intérieur estime avoir atteint son but : contraindre les autres pays européens à prendre en charge une partie du "fardeau" de la crise migratoire. "Nous avons ouvert un front en Europe", s'est-il ainsi félicité lundi.
L'Italie, qui a vu quelque 700.000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.
Le président français Emmanuel Macron a toutefois dénoncé mardi la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" dans cette affaire.
La ministre espagnole de la Justice Dolores Delgado a quant à elle réaffirmé mardi que la décision du nouveau gouvernement socialiste espagnol était une "question d’humanité" et évoqué la possibilité d’une "responsabilité pénale internationale" des Etats refusant d’accueillir les migrants.
Avec AFP