Encore une visite ministérielle empêchée par des manifestants

Des Algériens sont assis dans un café et regardent la télévision, à Alger, en Algérie, le 30 avril 2001.

Des manifestants ont empêché jeudi le ministre du Tourisme Abdelkader Benmessaoud d'effectuer une visite de travail à Saïda, dans le nord-ouest de l'Algérie, a indiqué à l'AFP un fonctionnaire de la wilaya (préfecture).

Apprenant que des manifestants étaient rassemblés devant le siège de la wilaya, où il devait rencontrer le wali (préfet) avant d'entamer avec lui sa visite, M. Benmessaoud s'est rendu directement à un hôtel, première étape prévue de son déplacement, a raconté ce fonctionnaire.

Des manifestants sont rapidement arrivés sur place aux cris de "Benmessaoud dégage !", "On ne veut pas d'un gouvernement de bricolage !" ou encore "Vous avez pillé le pays, voleurs !", a-t-il ajouté.

Arrivé dans la matinée, M. Benmessaoud et son convoi ont quitté les lieux dès la mi-journée, sous protection policière et repris le chemin d'Alger, à 450 km de route de Saïda.

Abdelaziz Bouteflika a nommé l'actuel gouvernement au plus fort de la contestation contre lui, trois jours avant d'être contraint à la démission le 2 avril sous la pression de la rue et de l'armée.

Dirigée par un de ses proches honni par la contestation, le Premier ministre Noureddine Bedoui, cette équipe rajeunie de technocrates était censée apaiser les manifestants, mais ceux-ci surnomment ses membres les "ministres du gouvernement de la honte".

Plusieurs visites ministérielles ont ces dernières semaines été perturbées, voire empêchées par des contestataires.

Début avril, le ministre de l'Energie Mohamed Arkab, arrivé à Tebessa, localité proche de la frontière tunisienne, n'a pu sortir de l'aéroport, dont des manifestants avaient bloqué les issues. La veille, le déplacement d'une délégation de plusieurs ministres à Béchar (ouest) avait été écourté après avoir été chahuté.

Mardi, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort de l'Algérie depuis qu'il a contribué à pousser M. Bouteflika à la démission, a "mis en garde" ceux qui incitent "à entraver l'action des institutions de l'Etat et) à empêcher les responsables d'accomplir leurs missions".

Les manifestants réclament le départ de l'ensemble des personnalités issues de l'appareil mis en place par M. Bouteflika, en tête desquels le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et M. Bedoui.