"Ils (les Américains) nous disent : +Donnez-nous le pasteur+. Mais vous aussi, vous avez un religieux (Gülen). Remettez-le nous et nous jugerons (le pasteur) et vous le rendrons", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours télévisé.
Le pasteur auquel fait référence M. Erdogan est Andrew Brunson. Il est incarcéré en Turquie depuis octobre 2016 pour des liens présumés avec le réseau de Fethullah Gülen, considéré comme "terroriste" par Ankara.
Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, pourtant alliés au sein de l'Otan, se sont nettement dégradées depuis le putsch manqué, notamment du fait des appels répétés d'Ankara à l'extradition de M. Gülen, restés à ce jour sans réponse.
"Celui qui est chez nous est en train d'être jugé. Mais celui qui est chez vous, non ! Il vit dans une villa en Pennsylvanie !", a lancé le chef de l'Etat turc jeudi.
"C'est plus simple pour vous (les Etats-Unis) de nous le remettre, vous pourriez le faire sur-le-champ", a ajouté M. Erdogan.
Un décret-loi publié en août en Turquie confère au président le pouvoir d'autoriser l'extradition d'étrangers en échange de Turcs détenus ou condamnés à l'étranger, si une telle mesure est "nécessaire pour la sécurité nationale ou dans les intérêts du pays".
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a rencontré fin mars à Ankara Norine Brunson, épouse du pasteur, qui avait elle aussi été initialement détenue avant d'être relâchée. M. Tillerson a par ailleurs affirmé le mois dernier que M. Brunson avait été "emprisonné à tort".
Le couple Brunson, installé en Turquie depuis une vingtaine d'années, gérait une église protestante à Izmir (ouest).
Le département d'Etat a par ailleurs mis à jour jeudi ses recommandations à destination des Américains souhaitant se rendre en Turquie, dans lesquelles il conseille aux "citoyens américains de réfléchir attentivement" avant d'entreprendre un éventuel voyage en Turquie.
Outre les attentats qui ont frappé la Turquie ces dernières années, l'avertissement mentionne des arrestations par les autorités turques de ressortissants américains, ainsi que des expulsions ou des interdictions de sortie du territoire.
Le texte précise que "la plupart de ceux qui ont été empêchés de quitter la Turquie ont également la nationalité turque".
"Les retards ou les refus d'accès consulaires à des citoyens américains détenus ou interpellés par les forces de l'ordre sont devenus plus fréquents", poursuit-il, ajoutant que les autorités américaines en Turquie "n'ont pas accès aux citoyens américains qui ont aussi la nationalité turque".
Avec AFP