L'Espagne vide une prison où des migrants algériens étaient retenus

Manifestation devant la prison d'Archidona le 26 novembre 2017 après l'incarcération de 500 migrants algériens.

Le ministère espagnol de l'Intérieur, très critiqué pour avoir placé dans une prison près de 600 migrants algériens arrivés par la mer, a annoncé mercredi avoir vidé cet établissement où l'un d'entre eux avait été trouvé mort fin décembre.

"Le centre d'Archidona (Andalousie, sud) habilité en novembre comme centre de rétention, ne compte plus aucun immigrant irrégulier", a annoncé le ministère dans un communiqué.

L'usage de cette prison toute neuve comme centre de rétention pour étrangers - en attendant l'examen de leur demande de titre de séjour - avait fait polémique en Espagne où la loi stipule que "les lieux d'internement pour étrangers ne devront pas présenter de caractère pénitentiaire".

La polémique s'était encore avivée quand un des migrants, Mohamed Bouderbala, un Algérien de 36 ans, avait été retrouvé mort le 29 décembre dans sa cellule.

L'autopsie avait révélé, selon la police, qu'il s'était "pendu avec un drap" et la justice avait conclu que personne n'était entré dans la cellule, selon les caméras de surveillance. Mais sa famille, en contact quotidien avec lui, n'a pas cru à son suicide.

L'avocate de sa famille, Me Amanda Romero, avait critiqué le 5 janvier la "rapidité" avec laquelle le juge d'instruction avait classé l'affaire en concluant au suicide, et elle avait fait appel.

"Nous n'avions aucunement connaissance qu'ils allaient être transférés", a dit mercredi à l'AFP Me Romero, selon laquelle l'annonce a "quelque chose à voir" avec la mort de M. Bouderbala.

Des élus du parti de gauche radicale Podemos avaient annoncé leur intention de visiter la prison jeudi.

Après des arrivées massives de migrants par la mer en quelques heures, fin novembre, "le ministre de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, avait adopté cette mesure temporaire et provisoire pour pouvoir les loger face à ce qui était une situation d'urgence humanitaire", a affirmé le ministère.

L'Intérieur a expliqué que les "572 immigrants, tous algériens" qui y avaient été placés ont "été petit à petit transférés" ailleurs, sans préciser leur destination. Un porte-parole a refusé de commenter le communiqué.

"Mardi matin, il y avait (dans la prison) environ 107 personnes, il semble que la plupart ont été transférées vers d'autres centres de rétention" du pays, a dit à l'AFP le directeur de l'association Málaga Acoje, Alejandro Cortina, sans pouvoir évaluer le nombre de ceux renvoyés vers l'Algérie depuis la fin novembre.

L'Espagne a vu le nombre d'arrivées de migrants sur ses côtes tripler l'an dernier, 22.900 selon Frontex, par rapport à 2016. L'Espagne reste la troisième porte d'entrée des migrants en Europe, derrière l'Italie et la Grèce.

Avec AFP