Des pirates informatiques liés au gouvernement chinois ont pénétré à de multiples reprises dans les systèmes informatiques d'entreprises travaillant pour le compte du Pentagone.
C’est ce qu’affirme un rapport d’enquête de la Commission sénatoriale sur les forces armés publié jeudi. Les entreprises visées par les pirates sont des sous-traitants du U.S. Transcom, le service du Pentagone pour le transport des troupes et du matériel dans le monde entier.
Le rapport, qui se fonde sur une enquête menée sur un an, a identifié une cinquantaine d’intrusions, dont une vingtaine qualifiées de « menaces persistantes avancées », c'est-à-dire des attaques complexes et furtives, généralement attribuée à des gouvernements étrangers.
L’espionnage d’un sous-traitant entre 2008 et 2010 aurait par exemple compromis des courriels, des documents, mots de passe et codes informatiques, ajoute le document.
Pour le sénateur Carl Levin, président de la commission des forces armées, qui a mené l'enquête, ces intrusions sont très inquiétantes. « Ce qui est en jeu, c'est la sécurité même de nos opérations militaires … Toutes les intrusions ont pour origine le gouvernement chinois », a-t-il accusé.
Beijing a violemment réagi à ces allégations, qui risquent d’exacerber les tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Elles sont « sans fondement » a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei. « Ce sont de pures fabrications », a-t-elle ajouté, faisant valoir que le gouvernement chinois ne soutiendrait jamais de telles pratiques d’espionnage informatique.
« Nous exigeons que les Etats-Unis cessent leurs critiques irresponsables de la Chine, cessent leurs attaques généralisées et systématiques et fassent davantage pour maintenir la paix et la tranquillité de l’Internet », a-t-elle poursuivi.
En mai, les Etats-Unis ont inculpé cinq militaires chinois pour piratage informatique, les accusant d’avoir illégalement infiltré plusieurs grandes entreprises américaines dans les domaines du nucléaire, de la métallurgie et de l’énergie solaire.
Le rapport de la commission sénatoriale déplore d’ailleurs que les sociétés n’aient pas signalé les attaques dont elles ont fait l’objet au gouvernement fédéral, comme elles sont tenues de le faire. Il semble que la confusion règne sur les procédures de remontée des informations et le partage d'informations entre agences gouvernementales, constate le document.
Le sénateur Jim Inhofe a proposé la formation d’une « centrale » chargée d’aider les compagnies à mieux signaler les tentatives d’espionnage, pour éviter que les opérations du Pentagone ne soient compromises.