Essebsi revendique la victoire en Tunisie

Béji Caïd Essebsi estime avoir remporté la présidentielle

Sans attendre les résultats, Béji Caïd Essebsi, a revendiqué dimanche la victoire au second tour de l'élection présidentielle en Tunisie, aux dépens du président sortant Moncef Marzouki.

TUNIS (Reuters) - Le candidat de l'alliance laïque Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, a revendiqué dimanche la victoire au second tour de l'élection présidentielle en Tunisie, aux dépens du président sortant Moncef Marzouki, qui a refusé de reconnaître sa défaite.

Aucun résultat provisoire du scrutin, clos à 18h00 (17h00 GMT), n'a encore été diffusé.

"Je dédie ma victoire aux martyrs de la Tunisie. Je remercie Marzouki. Nous devrions désormais travailler ensemble sans exclure quiconque", a déclaré dimanche l'ancien membre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali.

Selon Mohsen Marzouk, directeur de campagne d'Essebsi, des "indications" montrent que le candidat de Nidaa Tounès, qui a également été ministre de Habib Bourguiba, a remporté le scrutin avec une marge confortable.

Mohsen Marzouk n'a pas détaillé ses sources mais les partis tunisiens placent fréquemment des observateurs dans les bureaux de vote afin d'observer le dépouillement des bulletins.

Après cette annonce, des centaines de sympathisants d'Essebsi célébraient la victoire, scandant "Béji président" et brandissant des drapeaux tunisiens.

Moncef Marzouki a, quant à lui, refusé de reconnaître la victoire de son rival tant que les résultats n'auraient été dévoilés.

"La Tunisie l'a emporté aujourd'hui, la démocratie a gagné, nous devons rester unis. Malgré les annonces de victoire de nos adversaires, tous les indicateurs sont positifs pour nous", a déclaré le président sortant à une foule des partisans réunis devant le siège de campagne, à Tunis.

Son directeur de campagne, Adnen Monsar, avait peu avant fait savoir qu'il s'agissait d'une élection serrée et que "rien [n'était] encore confirmé".

Au premier tour, le 23 novembre, Essebsi avait obtenu 39,4% des suffrages contre 33,4% à Marzouki, élu il y a trois ans par l'assemblée constituante. La participation avait frôlé les 65%.

Près de 5,3 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour le second tour de l'élection présidentielle, qui clôt la transition près de quatre ans après le renversement de Zine ben Ali.

TRANSITION DÉMOCRATIQUE

Avec l'élection du parlement en octobre et le vote en janvier d'une nouvelle constitution garantissant notamment la liberté de culte et l'égalité des sexes, la Tunisie fait figure d'exemple en matière de transition démocratique pour d'autres pays ayant vécu le "printemps arabe", tels que la Libye et l'Egypte, où des tensions persistent.

Agé de 88 ans, Béji Caïd Essebsi a été ministre de Habib Bourguiba, qui a pris les rênes du pays en 1957 après l'indépendance négociée avec la France et les a conservées pendant trente années. Son parti Nidaa Tounès est arrivé en tête des élections législatives du mois d'octobre.

Ses adversaires l'accusent d'être une figure des régimes autocratiques du passé et voient dans sa candidature le risque d'un retour à l'"hégémonie d'un parti unique".

Il doit surtout gommer le souvenir de son engagement dans le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali après le coup d'Etat de novembre 1987 contre Bourguiba et son passage à la présidence de la chambre des députés en 1990 et 1991. Après cela, il s'était retiré de la vie politique.

Pour Ibrahim Ktiti, un électricien venu voter dans le quartier pauvre d'Ettadhamen à Tunis, hors de question de voir le retour de l'ancien régime.

"Nous avons besoin d'un président à l'écoute des gens et non quelqu'un d'intéressé seulement par le pouvoir", explique-t-il. "L'ancien régime ne reviendra pas. Essebsi n'a jamais présenté ses excuses pour le temps qu'il a passé aux côtés de Ben Ali."

A l'inverse, Marzouki, 69 ans, se voit reprocher son alliance avec les islamistes d'Ennahda qui lui a permis d'être élu président de transition en décembre 2011.

Ancien opposant au régime de Ben Ali, exilé plusieurs années en France, il se présente lui comme le protecteur de la "révolution de jasmin" qui a déclenché le cycle des "printemps arabes".

Le parti Ennahda, deuxième des législatives, avait choisi de ne pas présenter de candidat à la présidentielle et n'a donné aucune consigne de vote mais le camp Essebsi affirme que Marzouki a fait le plein des voix islamistes.