Accusés de viol collectif de Zouhoura, une jeune lycéenne tchadienne, deux des fils des dignitaires du régime au pouvoir avaient été envoyés dans la maison d'arrêt de N'Djamena.
Ils ont réussi à s'échapper et prendre la fuite.
La jeune fille violée brise le silence
Le 8 février, alors qu'elle part au lycée avec une amie, à N'Djamena, une voiture aux vitres teintées s'arrête brusquement. A son bord, cinq jeunes garçons. Elle le saura plus tard, ils font partie de la jeunesse dorée de ce pays très pauvre.
"Ils m'ont prise par le cou et m'ont jetée dans la voiture", témoigne Zouhoura, d'une voix encore enfantine. Emue, elle bute sur les mots. "Ils m'ont emmenée de force en dehors de la ville... vous connaissez la suite".
Revenue lundi en France, où elle a déjà vécu de 2009 à 2015 chez des parents, elle a décidé de s'exprimer en public vendredi à Paris pour combattre l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes sexuels au Tchad.
Elle demande justice
"Il n'y a jamais eu de justice avant (pour punir) le viol d'une femme tchadienne", dit-elle, les yeux hauts sous son foulard imprimé de nuances de gris. "Je ne suis pas la seule victime. Il y a d'autres femmes, des filles qui ont été violées - que je connais - et elles sont restées anonymes, elles n'ont rien dit".
Encouragée par son père, un opposant au régime installé depuis longtemps à Nancy, dans l'est de la France, Zouhoura, elle, a décidé de parler.
"Je m'attendais à ce qu'il dise: 'attend, il faut qu'on règle ça en famille' mais non, il n'a pas hésité. Il m'a dit 'va porter plainte' ".