Feu vert du parlement italien pour une mission navale en Libye

Des migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, en Sicile, le 16 novembre 2016.

Le parlement italien a approuvé mercredi une mission navale dans les eaux territoriales libyennes, apportant un soutien technique aux garde-côtes libyens dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains.

L'intervention d'unités navales italiennes dans les eaux territoriales libyennes pourrait contribuer à réduire le flux de migrants partant des côtes libyennes.

Dès mercredi, l'Italie a dépêché un navire, engagé dans l'opération "Mare sicuro" (mer sûre) de surveillance des côtes libyennes, vers Tripoli, selon un communiqué de la marine italienne.

Ce navire, le patrouilleur Commandante Borsini, est entré dans les eaux territoriales libyennes, "après avoir reçu les autorisations nécessaires", et se dirigeait mercredi après-midi vers Tripoli. Ce n'est pas le premier navire italien à entrer dans les eaux libyennes, les garde-côtes italiens ayant déjà accosté à Tripoli.

L'Italie enverra "un navire logistique" (pouvant par exemple faire de la manutention pour des unités libyennes) et un "patrouilleur", avait précisé mardi la ministre italienne de la Défense Roberta Pinotti, devant des commissions parlementaires du Sénat et de la Chambre des députés.

En cas d'attaque, les militaires italiens de la mission pourront répondre par la force d'une façon "limitée".

L'Italie n'a aucune intention de faire "un blocus naval", ce qui serait "un acte hostile", a-t-elle indiqué, insistant sur une "demande de soutien et d'aide aux garde-côtes libyens". La zone d'action sera définie conjointement avec les autorités libyennes, a-t-elle précisé.

"Le déploiement de navires militaires par l'Italie pour aider les autorités libyennes à intercepter des bateaux transportant des migrants dans les eaux libyennes pourrait impliquer l'Italie dans des violations des droits humains envers des migrants ensuite détenus en Libye", a jugé mercredi l'organisation de défense des droits de l'homme Human right watch. Cette organisation estime en effet que le refoulement de migrants vers un pays où ils risquent d'être maltraités, comme c'est le cas en Libye, constitue une violation des droits de l'homme, même si les militaires italiens ne font qu'assister les garde-côtes libyens.

Le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni avait dévoilé mercredi dernier ce projet à l'issue d'une rencontre à Rome avec son homologue de Tripoli, Fayez al-Sarraj.

Le chef du gouvernement d'entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale mais qui peine à asseoir son autorité en dehors de Tripoli, avait dû préciser deux jours plus tard que "la souveraineté nationale libyenne" n'était pas remise en cause par ce soutien naval de l'ancienne puissance coloniale.

Des trafiquants profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 pour faire passer chaque année des dizaines de milliers de migrants à destination de l'Italie, en leur demandant d'importantes sommes d'argent.

Avec AFP