Fin de la réunion de l’Association internationale des cultivateurs du tabac au Zimbabwe

Un producteur ougandais de tabac (Photo H. Heuler/VOA News)

La réunion de l’Association Internationale des Cultivateurs du Tabac (ITGA), au Zimbabwe, visait à encourager les producteurs à défier l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui cherche à réduire la consommation de tabac.

L’ITGA se décrit comme « l’organe représentatif des cultivateurs de tabac du monde entier », et affirme s’exprimer « au nom des 33 millions de personnes qui participent à la culture et aux premières étapes du traitement des feuilles de tabac ».

Néanmoins, ses critiques font valoir que loin d’être « une association professionnelle internationale indépendante », l’ITGA est en fait un instrument de relations publiques créé par l’industrie du tabac dans les années 1980 comme façade à ses campagnes contre les initiatives de lutte, et a reçu des fonds de l’industrie du tabac.

Au terme d’une rencontre de trois jours à Hararé, le président de l’ITGA, François van der Merwe, a dit à la Voix de l’Amérique (VOA) que la campagne anti-tabac de l’OMS pourrait mener les économies de certains pays à la banqueroute, puisqu’elles dépendent étroitement de la culture du tabac.

« Le lobby anti-tabac est très vocal, très extrême et peu réaliste. Ils n’ont qu’une chose en tête et c'est de compromettre la bonne marche de l'industrie du tabac. La meilleure chose pour eux serait de commencer à collaborer avec l'industrie du tabac afin qu'ils puissent la comprendre. En adoptant des mesures extrêmes, nous allons causer des dégâts à une industrie qui contribue énormément dans le monde entier », a déclaré M. Van der Merwe.

Les principales destinations pour les exportations de tabac zimbabwéen sont : la Chine, la Grande-Bretagne, l'Afrique du Sud, l'Indonésie, les Émirats arabes unis, l'île Maurice et la Russie. Cette année, leur valeur devrait dépasser 600 millions de dollars.

Une autre ombre à ce tableau néanmoins : selon le Programme alimentaire mondial (PAM), la passion avec laquelle les fermiers zimbabwéens plantent du tabac expliquerait en partie les pénuries alimentaires dont souffre le pays. Les exploitants qualifient le tabac de « feuille dorée », préférant sa culture à celle du maïs notamment.

Parmi eux : Norman Chakanetsa, qui ne veut pas entendre parler de campagne anti-tabac. « Le tabac est très important pour l'économie et nous gagnons beaucoup d'argent grâce au tabac. Si la production baisse, il nous faudra un substitut. Cela affectera les recettes du Trésor, et les moyens de subsistance de la population et le niveau de vie ... Nous connaitrons des périodes économiques difficiles », explique M. Chakanetsa.

Toujours selon l’ITGA, quelques 24 millions d’Africains répartis dans 15 pays dépendent aujourd’hui de la culture du tabac pour survivre.