L'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy perd 5 points d'intentions de vote (20%), se classant derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (27%) et le centriste Emmanuel Macron (23%), qui le prive de second tour, selon un sondage réalisé après les révélations de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné.
Mercredi matin, le candidat conservateur a demandé aux parlementaires de son camp de "tenir 15 jours" derrière lui, en attendant les résultats de l'enquête ouverte par le parquet financier de Paris.
"Cette affaire on sait d'où elle vient, elle vient du pouvoir, elle vient de la gauche", a-t-il tonné devant eux, évoquant même un "coup d'Etat institutionnel", selon des propos rapportés à l'AFP par des participants d'une réunion à huis clos à son QG de campagne.
Interrogé par l'AFP, l'entourage du président François Hollande a aussitôt répondu que "le seul pouvoir, en l'occurrence, c'est celui de la justice, qu'on doit laisser travailler, et les seules exigences sont celles de la transparence et de l'exemplarité".
François Fillon, 62 ans, avait déjà dénoncé mardi soir, lors d'une rencontre publique, "une opération professionnelle de déstabilisation" sans précédent, "à moins de trois mois d'une élection présidentielle".
"La crédibilité de ma candidature est remise en cause", a-t-il ensuite reconnu devant les parlementaires. Il a annulé une visite prévue le week-end prochain au Liban et en Irak, pour "rester au contact de ses troupes et des Français", selon son entourage.
La justice, de son côté, poursuit les auditions dans le cadre de l'enquête sur des emplois fictifs présumés qui auraient, selon le Canard Enchainé, permis à Penelope Fillon de toucher plus de 900.000 euros bruts comme assistante parlementaire et comme collaboratrice d'une revue littéraire. Par ailleurs, deux des enfants de François Fillon ont perçu 84.000 euros comme assistants quand ils étaient étudiants, selon le Canard.
Après le couple Fillon, interrogé lundi pendant cinq heures, l'ancien suppléant du candidat de droite, Marc Joulaud, a été entendu par les enquêteurs, qui veulent savoir quelles activités ont justifié les généreux salaires d'assistante parlementaire versés à Penelope Fillon.
Plus de trois Français sur quatre (76%) ne sont pas convaincus par la défense et les arguments du candidat conservateur, selon un sondage publié mercredi. Et 350.000 personnes ont signé une pétition demandant à Penelope Fillon de rendre l'argent public.
- Saisie du salaire de Marine Le Pen -
Pour le groupe de réflexion américain Center for Strategic & International Studies (CSIS), le Penelopegate pourrait "constituer un rappel dévastateur à l'électorat français de l'état apparemment permanent de scandale et de corruption dont souffre" la droite française.
Aux premiers jours de tempête, la droite a fait bloc derrière son candidat, triomphalement désigné en novembre au terme d'une primaire ayant rassemblé plus de 4 millions d'électeurs. Mais de premières fissures apparaissent : un soutien de l'ancien président Nicolas Sarkozy (battu pendant la primaire) a jugé que le résultat des primaires était "aujourd'hui caduc". Et un partisan de l'ex-Premier ministre Alain Juppé a enjoint ce derier (lui aussi battu à cette primaire) à réfléchir à la suite.
"Fillon est mort. Son ADN c'était la probité, tout s'effondre", a confié un proche de Nicolas Sarkozy.
Après la chute de François Fillon dans les sondages, Marine Le Pen caracole en tête des études d'opinion, qui l'annoncent en tête au premier tour mais perdante au second. Mais la dirigeante de l'extrême droite est elle aussi visée par des accusations d'emploi fictif concernant une assistante payée sur des fonds européens mais affectée à d'autres tâches.
La justice française a ouvert début janvier une enquête judiciaire globale concernant la réalité des emplois d'une vingtaine d'assistants parlementaires européens salariés par son parti, le Front National. Sans attendre, l'institution européenne va faire des retenues sur le salaire de Marine Le Pen pour recouvrer 298.000 euros versée à son assistante mais aussi 41.500 versés à son garde du corps.
Avec AFP