Togo: Frédo Attipou se remet difficilement de son ultime agression

La presse togolaise, victime d'agressions

Les organisations de defense de la presse fustigent l’agression dont a été victime, le 3 avril 2013 à Lomé, le photo journaliste Koffi Djidonou Frédéric Attipou, dit Frédo Attip.

Pour ces organisations, il s’agit purement et simplement d’une tentative d’assassinat dans le cadre d’une campagne des autorités pour réduire au silence les journalistes qui osent critiquer le régime. M. Attipou circulait à moto à Sanguéra, dans le nord-ouest de Lomé, quand il a été pris en sandwich par deux voitures qui ont tenté de l’écraser pendant que les occupants hurlaient leurs menaces.
Cet attentat est survenu un an après une autre agression.

Joint par la Voix de l’Amérique (VOA), Frédéric Attipou a décrit son calvaire depuis son lit d’hôpital. Il revenait, a-t-il dit, de l’église quand deux véhicules l’ont encadré des deux côtés. Les occupants ont baissé leurs vitres et hurlé des menaces, accusant le journaliste de publier des photos qui ternissent l’image de marque du pays. Puis les véhicules ont heurté le photographe qui est tombé.

M. Attipou a été blessé au visage et sur diverses partie du corps. Sa caméra, son gagne-pain, a été détruite.

Ce n’était pas d’ailleurs la première tentative contre sa personne. Il avait été attaqué en mars 2012 pour avoir pris des photos des forces de sécurité lors d’une manifestation. En dépit des promesses du ministère togolais de l’Intérieur, qui s’était engagé à poursuivre les auteurs de cette agression, aucun des officiers impliqués dans l’attaque n’aurait fait l’objet de sanctions.

L’association togolaise SOS Journaliste en danger a vivement réagi à cet incident qu’elle qualifie de "tentative d’assassinat".

Pour Sylvio Combey, président du Réseau africain des journalistes sur la sécurité humaine et la paix (RAJOSEP), les journalistes togolais ont raison de redouter pour leur sécurité.

Les ONG Reporters sans frontières (RSF) et Comité de Protection des Journalistes (CPJ) ont exprimé leur vive inquiétude quant à la sécurité des hommes et femmes de médias au Togo où la liberté de la presse est théoriquement protégée par la Constitution.

« L’agression de Frédo Attipou intervient dans un climat de contestations pré-électorales très tendu au Togo et pourrait marquer le début d’une intensification des violences ciblant les journalistes » a déclaré RSF. « Il est essentiel que cette période de manifestations et de débats entre la majorité et l’opposition n’entraîne pas de dégradation du climat sécuritaire pour les acteurs de l’information », a poursuivi l’ONG dans un communiqué.

M. Attipou est contributeur depuis deux ans de l’hebdomadaire Le Canard Indépendant, mais collabore également à la chaîne de télévision France 24, au magazine Sika’a, et à des sites Internet.