Gabon : l'équipe des Echos du Nord relâchée après de mauvais traitements

Une rue de Libreville après les manifestations violentes post-électorales, Gabon, 1er septembre 2016.

Tous les membres d'un journal gabonais proche de l'opposition, interpellés à la suite d'un article, ont été relâchés, indique la rédaction du media, dénonçant des "tortures" sur l'une de ses responsables.

La rédactrice en chef adjointe des Echos du Nord, Rayssa Oyasseko, a été relâchée samedi en début d'après-midi, a-t-elle indiqué à l'AFP. Ses 13 autres collègues, journalistes et non-journalistes, avaient été libérés la veille, avaient annoncé des opposants sur les réseaux sociaux.

Mme Oyasseko avait été interpellée vendredi à son domicile et ses collègues jeudi au siège du journal. Ils ont été conduits à la Direction générale de la documentation et de l'immigration (DGDI) à Libreville, puissant service du renseignement intérieur garant de la "sûreté de l'Etat" et de la "sécurité du territoire".

Ils ont été auditionnés pour une enquête à la suite d'un article paru mercredi sur l'arrestation présumée du général à la tête de cette même DGDI, avaient indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement et une source judiciaire.

"J'ai été sévèrement torturée. Ils m'ont bâillonnée et ils m'ont accrochée telle un gibier", a affirmée Mme Oyasseko jointe par téléphone par l'AFP. "Ils m'ont tapé sur les pieds, ainsi qu'au niveau des cuisses et des fesses".

"Ils voulaient avoir le mot de passe de mon mail, connaître l'auteur de l'article et le nom de son informateur", a-t-elle poursuivi.

Mme Oyasseko affirme avoir été confrontée au patron de la DGDI, le général Célestin Embinga, et lui avoir dit n'avoir aucune information.

"On ne peut pas obliger les journalistes à révéler leurs sources. Ils ont scanné les téléphones pour voir leurs contacts", a protesté le directeur de la publication, Désiré Ename, depuis Paris où il se déclare "contraint de vivre".

"On va porter plainte au tribunal de Libreville. Il n'y a eu aucune procédure normale", a-t-il ajouté.

Les Echos du Nord affirment qu'ils reviendront sur l'interpellation dans l'édition de lundi.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé vendredi "un acte de violence intolérable envers la liberté de l'information" au Gabon, où la situation est toujours tendue après la réélection du président Ali Bongo Ondimba, contestée par l'opposition et son chef de file Jean Ping.

Avec AFP