L'opposition gabonaise sceptique sur la capacité d'Ali Bongo à gouverner

Le Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, lors de la 30e session ordinaire de la Conférence des chefs d'État et du gouvernement de l'Union africaine à Addis-Abeba, Ethiopie, le 29 janvier 2018.

L'opposition et la société civile gabonaise continuent à afficher leur scepticisme quant à la capacité du président gabonais à gouverner, alors qu'une vidéo où Ali Bongo s'exprimait pour la première fois depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) a été diffusée lundi soir.

"Cette apparition après deux mois d'absence, au-delà de l'aspect humain, sous réserve d'un montage laborieux, suscite encore plus d'interrogations et d'incertitudes sur les capacités physiques et intellectuelles d'Ali Bongo à exercer les lourdes charges qui lui incombent", a déclaré à l'AFP l'opposant Alexandre Barro Chambrier, président du parti Rassemblement Héritage et Modernité (RHM).

Victime d'un AVC le 24 octobre, Ali Bongo s'est exprimé pour la première fois depuis le début de sa convalescence dans une vidéo enregistrée à Rabat, au Maroc, et diffusée lundi soir par la présidence gabonaise.

Dans la vidéo, M. Bongo dit s'apprêter à revenir au Gabon. Il y apparaît de face, le visage marqué par un strabisme. Son élocution est fluide malgré une prononciation empâtée. Sa tête et ses mains bougent légèrement.

"Ce discours est la preuve que le président Ali Bongo est totalement rétabli", selon le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni.

Quelques Gabonais et des membres de l'opposition, s'exprimant notamment sur les réseaux sociaux, parlent d'un "montage vidéo" voire d'un "sosie" d'Ali Bongo.

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La thèse du "montage" avait déjà été avancée lors de l'apparition de M. Bongo, en décembre, dans une photo et deux vidéos diffusées par le palais royal marocain et par la télévision nationale gabonaise.

La communication autour de l'état de santé du président a été parcellaire depuis le début de sa maladie, alimentant de nombreuses rumeurs.

La majeure partie de l'opposition et des membres de la société civile réclament une expertise médicale sur l'état de santé du président.

"Les capacités (...) d'Ali Bongo sont substantiellement affectées" et il faut "décréter la vacance du pouvoir et la mise en place d'une transition démocratique", a écrit l'activiste des droits de l'homme Georges Mpaga sur Facebook.

La vacance n'a pas été déclarée par la Cour constitutionnelle, qui a transféré en novembre une partie des pouvoirs du président au Premier ministre et au vice-président.

Le pays est en attente d'un nouveau gouvernement et d'une nouvelle Assemblée nationale, les résultats des législatives d'octobre ayant été proclamés fin décembre par la Cour constitutionnelle, entraînant de fait la fin des fonctions du gouvernement.