Ghana : l'opposant creuse son avance, selon des médias locaux, mais pas de résultats officiels

Les partisans de l’opposant Nana Akufo-Addo sortent dans les et s’apprêtent à célébrer la victoire de leur candidat à la présidentielle, à Accra, Ghana, 8 décembre 2016.

Le candidat de l'opposition à la présidentielle ghanéenne, Nana Akufo-Addo, qui s'est déclaré confiant dans sa victoire, creusait vendredi son avance selon plusieurs médias locaux mais la commission électorale, toujours occupée au décompte des voix, n'a publié aucun résultat officiel.

Le leader du Nouveau parti patriotique (NPP), qui se présentait pour la troisième fois au poste présidentiel a prononcé jeudi soir un discours triomphant, dans lequel il se disait "confiant d'avoir remporté une victoire historique" contre son rival John Dramani Mahama, en course pour un second mandat.

Vendredi matin, plusieurs médias locaux confirmaient cette tendance, bien que la Commission en charge de dépouiller les votes, n'a pour l'instant laissé deviner aucune tendance. Elle avait annoncé un délai de 72 heures à partir de mercredi soir avant d'annoncer les résultats définitifs.

Deux radios ont donné l'opposant gagnant avec 54.39% et 54,75% des voix. La télévision privée Joy News annonçait également M. Akufo vainqueur avec 53% des voix (pour 218 circonscriptions sur un total de 275).

Selon les calculs de l'Agence Bloomberg, basés sur les premiers chiffres publiés par la Commission électorale, mais non compilés, l'écart en faveur de M. Akufo-Addo est encore plus important, avec 57% des voix sur 80 circonscriptions (3 millions d'électeurs).

Si l'un des candidats dépasse les 50% des voix, il n'y aura pas de second tour. C'est ce dont est certain l'opposant, qui a déjà promis au peuple ghanéen "de nouvelles politiques pour créer de l'emploi et raviver la croissance", devant une foule de supporters, dès le lendemain du scrutin.

Le secrétaire général du Nouveau Congrès Démocratique (NDC), parti du président Mahama, a qualifié l'annonce de l'opposant de "ridicule".

"Tous les partis et tous les citoyens doivent se conformer à la loi et donner le temps à la commission électorale de poursuivre son travail", a mis en garde une coalition d'observateurs régionaux.

- 'respect des résultats' -

"S'il vous plaît soyez patients", a demandé la présidente de la Commission, Charlotte Osei, soulignant que "la précision est plus importante que la rapidité".

Le président sortant, M. Mahama, a demandé à ses supporters de rester calmes, et d'attendre les résultats officiels. "Nous tiendrons le peuple informé", a-t-il assuré depuis sa résidence d'Accra. "Je garantis que, quelque soit l'issue de ce vote, positive ou négative, nous respecterons les résultats".

Malgré quelques violences sporadiques en amont et pendant le vote, et malgré les tensions au lendemain de l'annonce non-officielle de la victoire de M. Akufo-Addo, un score bien déterminé entre les deux candidats permettrait de mettre fin au plus vite à l'attente des résultats, et au Ghana de conserver sa réputation d'exemple démocratique en Afrique de l'Ouest.

"Une fois encore, les Ghanéens pensent que leur bulletin est une manière efficace de se faire entendre et de montrer leur mécontentement", explique Manji Cheto, vice-présidente de Teneo Intelligence, une société d'analyse des risques basée à Londres mais spécialisée sur la région.

"Il y a de claires indications que la démocratie commence à devenir un système mature en Afrique de l'Ouest, dans lequel les électeurs voient leur vote comme un droit qu'ils veulent exercer", dit-elle à l'AFP.

Sept candidats étaient en lice mercredi pour cette présidentielle, dont une ex-première dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Mais la bataille se joue entre les rivaux historiques: John Mahama, du Congrès national démocratique (NDC), et Nana Akufo-Addo, leader du Nouveau parti patriotique (NPP), qui s'étaient déjà affrontés lors des précédentes élections de 2012.

M. Mahama, figure charismatique et réputé proche du peuple, a promis de poursuivre le développement des infrastructures s'il était réélu mais son premier mandat a été entaché par un ralentissement de la croissance et par des scandales de corruption au sein de l'administration.

M. Akufo-Addo, dont c'est sans doute la dernière bataille pour la présidence compte tenu de ses 72 ans, avait contesté en vain les résultats des dernières élections devant un tribunal de la Cour Suprême.

Avec AFP