Mobilisation en forte baisse des Gilets jaunes

Une manifestante portant son gilet jaune tient une pancarte lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, le 18 décembre 2018.

Ce sixième samedi de manifestations a rassemblé 38.600 personnes sur l'ensemble de la France à 18H00 (17h00 GMT), contre 66.000 samedi dernier à la même heure, selon le ministère de l'Intérieur. 220 personnes ont été interpellées, dont 81 ont été placées en gardes à vue.

A Paris, la préfecture de police a compté 2.000 manifestants à la même heure, contre près de 4.000 au pic de samedi dernier, selon une source policière. 142 personnes y ont été interpellées, dont 19 placées en garde à vue.

Et à Versailles, où des "gilets" avaient appelé à "marcher" vers le château dans le sillage des révolutionnaires de 1789 qui y avaient délogé le roi de France, ils n'ont été qu'une soixantaine, selon l'AFP.

Ces chiffres marquent un nouvel essoufflement du mouvement, débuté il y a un peu plus d'un mois. La première manifestation, le 17 novembre, avait rassemblé 282.000 manifestants sur l'ensemble de la journée. Ils n'étaient plus que 166.000 le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre et 66.000 le 15 décembre, selon des chiffres officiels (les "gilets" ne donnent pas d'estimation).

Les "gilets jaunes" les plus déterminés avaient malgré tout appelé à une nouvelle mobilisation ce samedi, et ce en dépit du vote au Parlement des mesures d'urgence de 10 milliards d'euros destinées à alléger la pression fiscale et accroître le pouvoir d'achat, revendications phares des "gilets".

"A deux jours de Noël, je trouve que c'est pas mal" comme mobilisation, a déclaré à l'AFP sur les Champs-Elysées Frédéric, 46 ans et cheveux grisonnants.

Les manifestations sont de plus restées largement calmes, contrastant avec les images de guérilla urbaine de début décembre qui avaient fait le tour du monde.

Sur les Champs-Elysées, épicentre des manifestations, les cafés et restaurants ont pu ouvrir normalement, tout comme la quasi-totalité des magasins.

Un dixième mort

Jean-Philippe et Jennifer, des Belges vivant dans le nord de la France, sont venus "pour qu'Emmanuel Macron dégage". "Ce qui m'a plu, c'est que les gens ont commencé par la taxe carburant, et fini par se dire qu'il fallait être sur un pied d'égalité, que 1% ne pouvait pas gouverner 99%", expliquent-ils.

Les manifestants se divisaient régulièrement en petits groupes dans les rues de Paris, parfois bloquées par les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène.

De nombreuses actions ont par ailleurs eu lieu en régions, comme chaque jour, avec des blocages de "gilets jaunes" plus ou moins longs aux frontières avec l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne.

Des centaines de "gilets jaunes", rassemblés au péage du Boulou, le dernier avant la frontière espagnole dans l'est des Pyrénées, ont laissé passer les voitures mais bloqué les poids lourds, "symboles des importations espagnoles vers la France à des prix bradés depuis de longues années", a indiqué à l'AFP Marcel, un viticulteur de 49 ans.

"Le roi Macron donne des miettes aux gueux", "Le mépris ça suffit", pouvait-on lire sur leurs banderoles. Des dizaines de militants séparatistes catalans, vêtus de "gilets jaunes" et brandissant le drapeau indépendantiste, se sont joints aux protestataires français.

Deux journalistes de la chaîne publique France 2 Montpellier (sud) ont déclaré à l'AFP avoir été "violemment" agressées samedi par des manifestants lors de ce rassemblement.

Non loin de là, à Perpignan (sud), un automobiliste est mort dans la nuit de vendredi à samedi, après avoir percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de "gilets jaunes".

Dans l'après-midi, les forces de l'ordre sont intervenues et ont délogé les manifestants, qui se sont alors massés sur un pont pour jeter des objets sur l'axe routier avant d'être chassés à coups de gaz lacrymogènes, selon un photographe de l'AFP. En début de soirée, il ne restait plus que 200 manifestants, tenus à distance du péage et de l'autoroute par les forces de l'ordre.

Des perturbations de la circulation ont également été signalées à la frontière belge, et un barrage de 200 manifestants a entraîné le blocage de la circulation sur l'autoroute au poste frontière avec l'Italie de Vintimille.

A Strasbourg, une centaine de "gilets jaunes" ont bloqué la route d'accès au pont de l'Europe, frontalier avec l'Allemagne, avant d'être délogés par les forces de l'ordre.

Par ailleurs, une centaine de gilets jaunes ont manifesté à Bruxelles "assez calmement", contre 400 à 500 la semaine dernière, a indiqué la porte-parole de la police de Bruxelles, Ilse Van de Keere.