Selon la police, 8.000 personnes ont participé dans le centre d'Athènes au défilé du Pame, le front syndical communiste, et 6.500 à l'autre cortège, emmené par les deux grandes centrales, GSEE pour le secteur privé et l'Adedy pour la fonction publique.
Il y avait eu 20.000 manifestants le 12 novembre, lors de la première grève générale.
Le mouvement affectait surtout le secteur public, administrations, hôpitaux et écoles, tandis que tous les ferries desservant les îles étaient ancrés au port, et que les transports urbains étaient affectés par des arrêts de travail.
"Ca suffit", proclamaient les banderoles du GSEE, dénonçant aussi "le rouleau compresseur des retraites, les nouveaux raids fiscaux du budget et le bradage des privatisations".
Les syndicats ont appelé à cette grève pour protester contre une vaste refonte du système des retraites à laquelle le gouvernement d'Alexis Tsipras doit s'atteler d'ici début 2016 pour respecter ses engagements envers les créanciers du pays en juillet, en contrepartie d'un nouveau plan de sauvetage financier du pays surendetté.
La mobilisation constitue aussi une mise en garde au vote prévu dans la nuit de samedi à dimanche du budget, marqué du sceau de l'austérité comme tous ceux adoptés depuis 2011 par les gouvernements de droite ou socialiste.
"On manifeste pour sauver nos retraites, et aussi le service public de l'eau", expliquait Kostas Liberis, 48 ans, employé de ce service public, l'EYDAP. Constatant lui aussi une baisse de la mobilisation, il jugeait que "les syndicats ont baissé la garde face à cette politique néo-libérale".
M. Tsipras a promis samedi que la réforme des retraites serait menée "sans nouvelles douloureuses coupes dans les pensions", mais son gouvernement peine jusque là à en présenter les grandes lignes.
- 'Les chiens aboient, la caravane passe' -
"Le peuple n'a certainement pas voté pour la politique qui est en train d être mise en oeuvre", observait M. Liberis. Malgré le plan d'aide, "on espérait une politique plus sociale et que soit sauvé ce qui pouvait l'être, mais ce n'est pas vers ça qu'on va".
M. Tsipras, arrivé au pouvoir en janvier porté par l'espoir qu'il libérerait les Grecs de l'austérité qui étouffe le pays depuis 2010, a dû revenir en effet sur beaucoup de ses promesses de gauche radicale. Au point que son propre parti, Syriza, a appelé à soutenir ces grèves générales.
La coalition Syriza-ANEL (souverainistes de droite) au pouvoir est à présent fragile. Sa majorité au Parlement, déjà courte, s'est effritée encore en novembre lors du vote sur un premier paquet de mesures difficiles, destinées à obtenir des créanciers un total de 12 milliards d'euros, pour les caisses de l'Etat et pour la recapitalisation des banques du pays. Elle n'est plus que de 153 sièges sur 300.
Pour la renforcer, M. Tsipras à tenté samedi de rallier l'opposition sur la réforme des retraites, mais s'est heurté au refus de la droite et des socialistes, même si ces derniers avaient approuvé le plan de sauvetage de 86 milliards d'euros du 13 juillet.
"Les chiens aboient, la caravane passe", leur a-t-il lancé, préférant ironiser sur l'état actuel de déliquescence de l'opposition grecque, notamment au parti conservateur Nouvelle Démocratie dont les leaders passent leur temps à s'écharper.
Dans ce contexte intérieur morose, le gouvernement grec est à présent attaqué sur sa gestion du flux des migrants qui débarquent chaque jour par milliers sur les îles. Le Financial Times et le Monde ont ainsi fait état mercredi d'une tentation de l'UE d'exclure la Grèce de la zone de libre circulation Schengen. "Des contre-vérités", a rétorqué la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovassili.