RDC

Guerres de leadership meurtrières dans les chefferies du Nord-Kivu

Des femmes déplacées par l'éruption du volcan Nyiragongo marchent dans la rue à Minova, à 50 kilomètres au sud de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, le 2 juin 2021.

Depuis des années, les conflits coutumiers sont une cause majeure de l'insécurité dans l'est de la RDC. Dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu, une crise de légitimité sévit depuis plus de 8 ans dans la chefferie de Bukumu.

Dans le territoire de Nyiragongo, en République démocratique du Congo, vouloir devenir chef coutumier ou s'intéresser au leadership des affaires coutumières présente beaucoup de risques. Plusieurs familles qui se disent "royales" s'entretuent et se chamaillent à chaque intronisation d'un chef coutumier communément appelé "mwami".

"Nous avons un grand frère qui s'intéressait trop aux affaires du pouvoir coutumier, et peut-être qu'un jour il voulait devenir chef coutumier. Bizarrement, un jour, il a failli être kidnappé par les partisans de celui qui gouvernait à l'époque, et depuis, il n'a plus rien fait", témoigne Gentil Ntaboba, un habitant de Nyiragongo, dans la province du Nord-Kivu.

Pour Francis Badekereze, un résident, c'est le bas peuple qui en pâtit.

"Les cas d'insécurité dans notre territoire sont souvent liés aux pouvoirs coutumiers. Chaque année, nous voyons des décrets attestant de telle ou telle personne comme chef légitime, alors tous ces désordres opposent les familles entre elles et génèrent des conflits dont nous, la population, payons parfois le prix", regrette-t-il.

Les chefs de base des localités du territoire de Nyiragongo proposent aux autorités compétentes de mettre fin une fois pour toutes à ce problème qui n'a que trop duré et qui provoque même des crises tribales et ethniques dans leur territoire.

"Nous constatons que ces conflits coutumiers sont à l'origine du grand problème que nous subissons depuis longtemps sur notre territoire. Ce problème a déjà coûté la vie à de nombreuses personnes, car il provoque souvent des troubles interethniques que nous connaissons jusqu'à présent", pense Lazare Muyango, un responsable de base du groupement Rusayu.

Il faut noter que depuis l'instauration de l'état de siège dans ce territoire, au nord de la ville de Goma, les tensions semblent s'être calmées, et des chefs intérimaires ont été placés dans presque tous les groupements.