Le président guinéen sortant Alpha Condé a été déclaré samedi vainqueur au premier tour de la présidentielle, une réélection contestée par l'opposition. La Commission électorale a proclamé Alpha Condé réélu au premier tour avec 57,85% des suffrages exprimés, soit 2.285.827 voix, devant le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, à 31,44% (1.242.362 voix), les six autres candidats étant totalement distancés.
Un calme relatif régnait à Conakry depuis l'annonce des résultats. Dénonçant une fois de plus une "mascarade", M. Diallo a annoncé avoir renoncé à saisir la Cour constitutionnelle, institution dont il conteste l'indépendance. Le chef de l'opposition a précisé qu'il appellerait, "le moment venu, les autres candidats et tous les citoyens qui sont les vraies victimes de ce hold-up électoral à organiser, conformément à la loi, des manifestations pacifiques".
"En attendant, je demande à tous les Guinéens de faire preuve de retenue et d'éviter toute forme de violence", a-t-il conclu. Pour l’heure, les deux camps affichent leur volonté d'apaisement.
L’opposition entend manifester pacifiquement
Préventivement, le gouverneur de Conakry a exhorté la population "à la retenue, à éviter toute manifestation de joie dans la rue". Et le parti au pouvoir a appelé "ses militants à s'abstenir de toute manifestation de joie dans la rue et dans les lieux publics".
L'opposition a incriminé la participation record enregistrée dans les bastions de M. Condé (20 points de plus que la moyenne nationale de 68,36 % dans sa région d'origine), favorisée selon elle par des décisions de la Commission électorale assouplissant les règles de vote en plein scrutin, ainsi que des inégalités géographiques dans la distribution des cartes d'électeur.
Mais elle risque d'avoir du mal à se faire entendre, les recours judiciaires en matière électorale, auxquels l'invite la communauté internationale, n'ayant jamais abouti en Guinée.
L’ONU appelle l’opposition à user du droit de recours
Rappelant qu'il s'agissait "de résultats encore provisoires qui devront être validés par la Cour constitutionnelle", le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a encouragé "fortement tous les acteurs qui souhaitent les contester à user du droit de recours" prévu par la Constitution et le Code électoral.
Le porte-parole du candidat Alpha Condé, Albert Damantang Camara, a déploré l'attitude de l'opposition, jugeant "incompréhensible que, de but en blanc, sans avoir même essayé un quelconque recours que ce soit, on déclare vouloir manifester dans la rue pour revendiquer ses droits".
"Il y a une Cour constitutionnelle, celle-là même qui vient d'être mise en place, qui n'a pratiquement jamais fonctionné", a-t-il souligné, s'étonnant "qu'on puisse douter a priori de sa compétence ou de son impartialité".
La rentrée scolaire, prévue lundi, a été reportée de trois semaines, au 9 novembre, le ministère de l'Enseignement, les représentants des parents d'élèves et des enseignants estimant, compte tenu des tensions autour des résultats électoraux, "plus prudent de garder les enfants à la maison", selon le gouvernement.
(Avec AFP)