Le président français pourrait également dévoiler vendredi la composition d'un "groupe de chercheurs" chargé d'examiner les archives françaises sur la période du génocide au Rwanda et sur la période d'engagement de la France de 1990 à 1994 dans ce petit pays d'Afrique des Grands Lacs.
"Après la venue à Paris en mai dernier" du président rwandais Paul Kagame et "à l'issue d'une rencontre bilatérale avec M. Macron, ce dernier avait pris plusieurs engagements dont celui de nommer une commission d'historiens pour travailler sur les archives françaises sur la période d'engagement de la France au Rwanda entre 1990 et 1994", a rappelé jeudi à l'AFP une source à l'Elysée.
Lire aussi : Génocide au Rwanda: L'association Survie dénonce les "complicités françaises"Les zones d'ombres sur le rôle de Paris avant, pendant et après ce génocide - qui fit selon l'ONU au moins 800.000 morts d'avril à juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi - restent une source récurrente de polémique en France.
Parmi les points les plus disputés figurent l'ampleur de l'assistance militaire apportée par la France au régime du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana de 1990 à 1994 et les circonstances de l'attentat qui lui coûta la vie le 6 avril 1994, élément déclencheur du génocide.
Convié très officiellement par M. Kagame, M. Macron sera le grand absent des cérémonies de commémoration du génocide à Kigali dimanche. Il a décliné l'invitation en invoquant des problèmes d'agenda. Soucieux des symboles, M. Macron y dépêchera le député Hervé Berville, orphelin tutsi rwandais adopté par une famille française en 1994.
Lire aussi : Rwanda-France: des relations tendues depuis le génocide"Le sujet de l'engagement de la France au Rwanda a fait l'objet de plusieurs tentatives d'analyse et d'élucidation", relèvent des sources diplomatiques.
"Les rescapés ne sont pas ceux qui s'expriment le plus à ce sujet, mais ce sont les plus exaspérés et les plus touchés par ce sur-place et cet engrenage de polémiques" sur la période d'engagement de la France au Rwanda entre 1990 et 1994. "Ils sont demandeurs d'une démarche sincère et efficace", ont renchéri ces sources diplomatiques auprès de l'AFP.
- "Signe positif" -
Ibuka France, fondée en 2002, est le pendant français d'Ibuka ("Souviens-toi"), principale organisation de survivants du génocide au Rwanda.
"Ibuka - Mémoire, Justice et Soutien aux rescapés" est une ONG oeuvrant "pour la mémoire du génocide des Tutsi du Rwanda, la justice envers les responsables de crimes génocidaires et le soutien aux rescapés des massacres", précise le site internet d'Ibuka France.
Interrogé par l'AFP avant cette rencontre au palais de l'Elysée, Marcel Kabanda, président depuis 12 ans d'Ibuka France, a déclaré y aller "en toute confiance". "C'est bien qu'un président de la République s'intéresse à nous, surtout dans le contexte de la commémoration de ce 25e anniversaire. C'est un signe positif".
"Nous espérons que cette rencontre traduira une volonté de changement" dans l'attitude de l'Etat français, en particulier sur la "prise en compte de cette mémoire" et vers "davantage d'investissement dans la recherche des génocidaires et de la vérité", a-t-il relevé.
Il estime qu'il "faut avoir le courage d'ouvrir les fameuses boîtes des archives" françaises. "Il faut tout montrer, cela apaisera les esprits et les interrogations (...) Sinon, les soupçons se transforment en vérité".
Ces polémiques récurrentes "c'est angoissant pour les Français, c'est frustrant pour les rescapés. C'est un poison. C'est comme un abcès, et on ne peut pas vivre longtemps avec un abcès", ajoute le président d'Ibuka France.
Avec AFP