Hommage européen et querelle familiale pour les funérailles d'Helmut Kohl

Funérailles d’Helmut Kohl, ancien chancelier allemand, père de la réunification allemande, architecte de l'élargissement de l'Union européenne et héraut de l'amitié franco-allemande, mort le 16 juin à 87 ans, à Strasbourg, France, 1er juillet 2017.

Père de la réunification allemande, architecte de l'élargissement de l'Union européenne et héraut de l'amitié franco-allemande, Helmut Kohl est mort le 16 juin à l'âge de 87 ans. Il a été chancelier pendant seize années, de 1982 à 1998.

Toute de noir vêtue et visiblement émue, Angela Merkel a salué "le chancelier de l'unification" de l'Allemagne. "Sans Helmut Kohl, la vie de millions de personnes, dont la mienne, qui vivaient de l'autre côté du Mur, ne serait pas celle d'aujourd'hui", a souligné la chancelière allemande.

Le président français Emmanuel Macron a insisté sur la relation franco-allemande. "Helmut Kohl fut pour la France un interlocuteur privilégié, un allié essentiel, mais il fut plus que cela, il fut un ami", a-t-il affirmé. Il a également salué la mémoire de Simone Veil, première présidente du Parlement européen et grande Européenne morte vendredi.

Une vingtaine de chefs d'Etat ou de gouvernement, un ancien monarque, Juan Carlos d'Espagne, et plusieurs centaines d'autres personnalités avaient pris place dans l'hémicycle pour cette cérémonie.

Le cercueil recouvert du drapeau européen a été porté par huit militaires allemands et déposé sur un catafalque érigé au centre de l'hémicycle.

Un portrait d'Helmut Kohl souriant avait été posé sur le côté, tandis que trois couronnes de fleurs avaient été placées devant le cercueil : l'une aux couleurs de la République fédérale d'Allemagne, l'autre au nom de l'Union européenne et la troisième, au nom de sa deuxième épouse, avec l'inscription "In Liebe, deine Maike" (Avec Amour, Maike).

"Aujourd'hui, nous prenons congé d'un homme d'Etat allemand et européen et moi, je prends congé d'un ami", a confié, manifestement bouleversé, Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne, âgé de 62 ans, est le seul des dirigeants européens occupant encore leurs fonctions à l'avoir côtoyé. Helmut Kohl avait pris en amitié le jeune Premier ministre du Luxembourg, alors âgé de 41 ans, et l'avait surnommé "junior"

- L'euro -

"Il voyait l'avenir", a ajouté M. Juncker. Sans Helmut Kohl, "l'Europe n'aurait pas l'euro" et "d'autres auraient sans doute échoué à réunifier l'Allemagne", a-t-il affirmé. "Son héritage pour l'Europe est énorme".

C'est la première fois dans son histoire que l'Union européenne organise un tel hommage. Il honore un des trois dirigeants faits "citoyens d'honneur de l'Europe", a souligné Jean-Claude Juncker. Les deux autres sont les Français Jean Monet, mort en 1979, et Jacques Delors, âgé de 91 ans.

Le siège du Parlement européen à Strasbourg, symbole de l'Europe réunie, s'est imposé pour la cérémonie. "En lui rendant hommage en ce lieu symbolique de notre lien, nous disons notre espérance dans l'avenir de l'Europe", a écrit le président Macron sur le livre de condoléances, confortant ainsi Strasbourg en tant que siège du Parlement européen au moment où nombre d'élus réclament le regroupement des principales institutions à Bruxelles.

L'hommage européen a été néanmoins assombri par les querelles au sein de la famille du "père de la réunification allemande".

Selon la télévision publique allemande, les deux fils de Helmut Kohl ont boudé les funérailles de leur père en Allemagne, organisées en début de soirée à partir de 16H00 GMT dans la cathédrale de Spire, l'ancienne capitale du Saint Empire romain germanique située dans la région natale de Helmut Kohl, en Rhénanie-Palatinat (sud-ouest).

Ils sont depuis des années en conflit avec la seconde épouse de leur père et lui ont publiquement reproché à la fois d'avoir refusé des funérailles nationales en Allemagne même et de faire enterrer l'ancien chancelier à Spire, et non dans le caveau familial situé à Ludwigshafen, à une vingtaine de kilomètre de distance, où repose la première épouse de Helmut Kohl, mère de ses enfants.

Après la messe de Requiem, où 1.500 invités ont pris place dans la cathédrale, lieu de culte prisé par l'ancien chancelier depuis sa jeunesse, un hommage militaire était prévu vers 18H00 GMT.

Helmut Kohl sera ensuite inhumé dans la ville en présence de sa veuve mais là encore sans ses enfants et petits-enfants.

Avec AFP