Plainte devant la CPI pour "génocide" contre la persécution des homosexuels en Tchétchénie

Des participants à une manifestation pro-LGBT à Mumbai, en Inde, le 31 janvier 2015.

Trois associations LGBT françaises ont déposé plainte pour "génocide" mardi devant la Cour pénale internationale contre le président Ramzan Kadyrov pour des persécutions commises en Tchétchénie contre les homosexuels.

M. Kadyrov est "le logisticien" du "génocide", "l'organisateur de camps de tortures avec une volonté d'extermination des homosexuels", a déclaré Me Etienne Deshoulières, qui représente les associations Stop homophobie, Mousse et Comité Idaho France.

Selon l'hebdomadaire Novaïa Gazeta, les autorités de Tchétchénie, où l'homosexualité est considérée comme un tabou, ont arrêté plus de cent homosexuels et incité leurs familles à les tuer pour "laver leur honneur". Toujours selon ce journal indépendant, au moins deux personnes ont été assassinées par leurs proches et une troisième est décédée des suites d'actes de tortures.

Des homosexuels tchétchènes ayant fui à Moscou ont affirmé à l'AFP avoir été battus et détenus "dans une prison non-officielle", et vivre aujourd'hui la peur au ventre d'être identifiés et traqués par leur famille.

"Ces actes ne sont pas le fait de groupes isolés, mais sont l'oeuvre des autorités tchétchènes, sous la direction de leur président, Ramzan Kadyrov", peut-on lire dans la plainte consultée par l'AFP.

Convoqué par le président russe Vladimir Poutine, M. Kadyrov a démenti toute exaction envers les homosexuels en Tchétchénie, qualifiant les articles de "provocateurs". Son porte-parole assure, lui, que les gays "n'existent pas" dans la république.

La Russie a notifié en novembre 2016 son retrait de la CPI, qui, d'après le statut de Rome, sera effectif un an plus tard, soit en novembre 2017.

La Cour ne se saisit d'affaires que si les auteurs des infractions ne peuvent pas être poursuivis par les autorités nationales, soit que l'Etat concerné n'en a pas la volonté, soit qu'il n'en a pas la capacité.

Dans le cas russe, une enquête a été ouverte par le parquet général, mais les enquêteurs disent n'avoir reçu "aucune plainte officielle" de victimes.

La déléguée des droits de l'Homme auprès du Kremlin Tatiana Moskalkova, chargée de l'enquête sur les violences dénoncées en Tchétchénie, s'est en outre "déjà ouvertement prononcée contre +le développement des relations homosexuelles+" et "a qualifié de +rumeur+ les exactions commises", note la plainte.

"On a quotidiennement de nouvelles informations alarmantes sur la Tchétchénie", a déploré Alexandre Marcel, le président du comité Idaho France, pour qui la plainte devant la CPI était "le seul moyen de poursuivre" au niveau international "des comportements nazis".

Avec AFP