Huit parlementaires en détention préventive pour des discours de haine au Kenya

Un officier surveille les détenus près de la maison d'arrêt de Naivasha au Kenya, octobre 2014. (Gabe Joselow / VOA)

Huit parlementaires kényans ont été placés en détention préventive par un tribunal de Nairobi pour avoir proféré des discours de haine qui risquent d'attiser les tensions ethniques et politiques à un an des élections générales.

La Haute cour kényane a ordonné mardi soir que trois députés de la coalition au pouvoir, Jubilee, et quatre députés et un sénateur de la coalition d'opposition, Cord, soient détenus pendant quatre jours, le temps de l'enquête.

Ils sont accusés d'avoir tenu des discours haineux et d'incitation à la haine. La Haute cour a décidé de les maintenir en prison au motif qu'ils pourraient interférer avec l'enquête s'ils étaient libres.

Les députés de Jubilee, Moses Kuria, Kimani Ngunjiri et Ferdinand Waititu, sont des soutiens fervents du président Uhuru Kenyatta et membres de son ethnie, les Kikuyus.

Les parlementaires de Cord sont les députés Timothy Bosire, Aisha Jumwa, Junet Mohammed et Florence Mutua, et le sénateur Johnson Muthama.

Ces arrestations font suite à des semaines de mobilisation dans les rues de l'opposition, emmenée par l'ancien Premier ministre Raila Odinga, qui considère que la victoire lors de la précédente élection présidentielle en 2013 lui a été volée.

MM. Kuria et Waititu sont accusés d'avoir dans des discours publics proféré des menaces de mort à l'encontre de M. Odinga, qui est d'ethnie luo. M. Ngunjiri aurait appelé les Luos de la ville de Nakuru (centre-ouest) à retourner dans l'ouest du Kenya, leur terre d'origine.

Du côté de Cord, M. Junet et Muthama, et Mme Mutua, sont accusés d'avoir incité la population à pénétrer de force dans le quartier général de la police, alors que M. Bosire et Mme Jumwa auraient prédit le chaos et la violence en raison de l'incapacité, selon eux, du président Kenyatta à unir le pays.

Les élections de 2007 au Kenya avaient débouché sur des violences à caractère tribal, opposant principalement les Kikuyus aux Luos et aux Kalenjins, qui avaient fait plus de 1.100 morts.

M. Kenyatta et son actuel vice-président, William Ruto, avaient été inculpés pour crimes contre l'humanité pour leur rôle dans ces violences post-électorales. Mais la Cour pénale internationale (CPI) a fini par abandonner les poursuites contre les deux dirigeants.

L'alliance entre MM. Kenyatta et Ruto, un Kalenjin, pour les élections de 2013 a alors permis d'éviter des violences. Mais des diplomates et observateurs craignent que les tensions tribales et politiques ne continuent à augmenter à l'approche des élections d'août 2016.

Avec AFP