Human Rights Watch dénonce la suspension de trois ONG en Éthiopie

Une vue d'Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, le 13 février 2021. AFP / Amanuel Sileshi

Les autorités éthiopiennes ont suspendu ces dernières semaines trois ONG indépendantes de défense des droits humains, a déploré l'organisation Human Rights Watch (HRW) lundi, les accusant de "réduire à néant" l'espace civique.

Depuis le 14 novembre 2024, l'Autorité des organisations de la société civile (ACSO), un organisme gouvernemental qui supervise les groupes de la société civile, a adressé des lettres de suspension au Centre pour l'avancement des droits et de la démocratie (CARD), à l'Association pour les droits humains en Éthiopie (AHRE) et aux Avocats pour les droits humains (LHR), les obligeant à cesser leurs activités, selon un communiqué d'HRW.


Les missives accusaient les organisations d'être politiquement biaisées et de se livrer à des activités qui "portaient atteinte à l'intérêt national". "Les autorités éthiopiennes réduisent à néant tout espace qui permet aux groupes de défense des droits indépendants d'opérer dans le pays", a déclaré Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique de l'organisation, citée dans le communiqué.


"La dernière attaque du gouvernement montre que l'Éthiopie reste l'un des endroits les plus inhospitaliers pour critiquer les actions du gouvernement et promouvoir les droits humains", selon HRW. "Les autorités éthiopiennes devraient immédiatement annuler la suspension" des trois organisations, a également estimé HRW, précisant que celles-ci avaient reçu l'avis quelques jours après avoir rejoint une lettre publique critiquant des amendements proposés à une loi gouvernementale sur les médias.

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CARD a indiqué après sa suspension nier "toute implication dans des activités politiques, car notre organisation est résolument neutre dans son approche et sa pratique". Le pays d'environ 120 millions d'habitants de la Corne de l'Afrique est confronté à plusieurs conflits armés, notamment dans les deux régions les plus peuplées, l'Amhara et l'Oromia, où les forces fédérales affrontent des milices armées.


Les forces fédérales, tout comme les milices, y ont notamment été accusées de violations des droits humains. "Dans un contexte d'escalade du conflit, de détentions arbitraires massives et d'expulsions forcées, le rôle de la société civile et des médias est plus crucial que jamais en Éthiopie", avait souligné Amnesty la semaine dernière. "La communauté internationale doit agir de manière décisive", avait martelé l'organisation.