Le transfert de l'ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem concrétise la promesse faite le 6 décembre par le président Donald Trump et liée à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël.
Cette rupture avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus international a comblé les Israéliens et ulcéré les Palestiniens.
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L'inauguration coïncide avec le 70e anniversaire, selon le calendrier grégorien, de la création de l'Etat d'Israël. Le lendemain, les Palestiniens commémorent la "Nakba" (la "Catastrophe" en arabe), l'exode de centaines de milliers d'entre eux ayant été chassés ou ayant fui de chez eux en 1948.
L'inauguration a lieu dans une période éminemment sensible. Les Palestiniens se mobilisent depuis des semaines dans la bande de Gaza contre le blocus israélien de l'enclave et au nom du "droit au retour" sur les terres de 1948.
Plus de 50 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne au cours du mouvement depuis le 30 mars.
L'annonce par le président Trump du retrait de l'accord nucléaire iranien a en outre ajouté aux profondes incertitudes régionales. Les tensions sont brusquement montées d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi entre l'Iran et Israël en Syrie.
M. Trump avait exprimé son souhait d'assister à l'inauguration de l'ambassade, provisoirement installée dans les locaux de ce qui était le consulat américain, en attendant la construction d'une nouvelle représentation.
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Il ne devrait finalement pas en être, mais sa fille Ivanka, le mari de cette dernière et conseiller de la Maison Blanche Jared Kushner, le secrétaire d'Etat adjoint John Sullivan et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin figureront parmi les 800 invités attendus à l'inauguration.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué le transfert de l'ambassade et encouragé d'autres pays à suivre l'exemple américain, qui n'a pas provoqué l'effet d'entraînement espéré.
De son côté, un haut responsable palestinien, Nabil Chaath, a accusé mercredi M. Trump de soutenir "le nettoyage, par Israël, de la présence de notre peuple à Jérusalem".
Dans le contexte de l'anniversaire de la création d'Israël et de la Nakba, des manifestations palestiniennes sont prévues les 14 et 15 mai. Dans la bande de Gaza, à moins de 100 kilomètres de Jérusalem, des Palestiniens se disent prêts à tenter de forcer la barrière de sécurité israélienne, au risque de mourir sous les balles des soldats postés de l'autre côté.
L'armée israélienne dit ne tirer à balles réelles qu'en dernier recours pour protéger ses soldats et les populations civiles riveraines de l'enclave.
Montrée du doigt pour usage excessif de la force, elle accuse le mouvement islamiste Hamas, qui dirige le territoire et auquel elle a livré trois guerres, d'instrumentaliser les manifestants.
"Nous allons briser ce siège et entrer" en Israël, dit Hani, un habitant de la bande de Gaza de 22 ans qui donne seulement son prénom et assure ne pas avoir peur de mourir. "Nos vies valent moins que la Palestine", dit-il.
Le déménagement de l'ambassade ramène sur le devant de l'actualité le statut de Jérusalem, une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien.
Les Palestiniens et Israël considèrent cette ville comme leur capitale.
Lors de la guerre de 1967, Israël s'est emparé de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, puis l'a annexée. En 1980, Israël a proclamé tout Jérusalem sa capitale "éternelle et indivisible".
Cette décision a été déclarée illégale par la communauté internationale, qui considère Jérusalem-Est comme occupée et pour laquelle, en attendant un apparemment lointain règlement du statut final par la négociation entre les deux parties, les ambassades ne doivent pas se trouver à Jérusalem.
Israël considère la décision de M. Trump comme la reconnaissance, ayant trop tardé, d'une réalité historique. Pour la direction palestinienne, elle représente le summum du parti pris pro-israélien de l'administration Trump.
Les relations entre la direction palestinienne et l'administration Trump sont au plus bas, le président palestinien Mahmoud Abbas étant allé jusqu'à traiter de "fils de chien" l'ambassadeur américain en Israël David Friedman.
Ces rapports hypothèquent la recherche par l'administration Trump de l'accord diplomatique "ultime" auquel le président américain a dit vouloir présider. Les spéculations circulent sur la possibilité que l'administration soumette un tel plan après le déménagement.
Avec AFP