"L'interdiction de l'importation de bois dans le pays est en train d'être appliquée" à la suite d'un décret présidentiel annoncé à ce sujet la semaine dernière, a déclaré à l'AFP le ministre gambien de l'Information, Sherrif Bojang.
La mesure est prise avec scepticisme au Sénégal voisin qui a toujours accusé la Gambie de tirer profit de la situation.
Les bucherons gambiens profitent depuis longtemps du peu de surveillance de la forêt de Casamance (sud du Sénégal) pour faire passer du bois de rose sénégalais en Gambie et l'exporter ensuite en Chine.
Selon M. Bojang, "les forces de sécurité aux frontières ont reçu l'ordre de ne plus laisser passer de bois dans le pays", aux termes de ce décret.
Les commerçants chinois achètent du bois venu du Sénégal aux Gambiens, souvent avec la connivence des populations pauvres de Casamance.
L'exportation de bois est illégale au Sénégal.
L'écologiste Haidar El Ali, ancien ministre sénégalais de l'Environnement qui lutte pour protéger les forêts de Casamance, a déclaré que la mesure annoncée mardi faisait partie d'une stratégie à court terme du président gambien Yahya Jammeh: "Je pense que c'est une vaste mascarade à l'approche des élections où il est très contesté".
Selon lui, le président Jammeh lance de la poudre aux yeux "parce que les agriculteurs se plaignent de l'appauvrissement des sols du fait de la disparition des forêts qui sont la principale source de nourriture, de pluie. Les éleveurs se plaignent que le tapis herbacé est en train de disparaître parce que quand il n'y a plus de forêt le tapis herbacé aussi n'existe pas".
Le président gambien cherche à obtenir en décembre un cinquième mandat à la tête du pays qu'il dirige depuis 22 ans. Il affronte une opposition unie.
Yahya Jammeh, qui dirige d'une main de fer la Gambie, petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique, a déjoué de nombreuses tentatives pour le renverser. Il procède régulièrement à des remaniements gouvernementaux inexpliqués pour des raisons de sécurité.
Son régime est accusé par des ONG et le département d'Etat américain de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits humains, accusations qu'il rejette régulièrement.
Avec AFP