Enquête sur la mort suspecte d'un jeune en prison en Iran

Ali Khamenei parle lors d'un direct télévisé à Téhéran, en Iran, le 12 juin 2009

Les autorités iraniennes enquêtent sur la mort suspecte d'un jeune homme dans la prison d'Evine à Téhéran, a indiqué mardi le parquet après des informations selon lesquelles celui-ci aurait été arrêté lors des récentes protestations contre le pouvoir.

"Une enquête a été immédiatement ouverte (sur ce décès) et les gardes de la prison ainsi que d'autres personnes ont été interrogés. L'enquête se poursuit", a déclaré le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, cité par l'agence Mizanonline, qui dépend de l'Autorité judiciaire.

Cité par l'agence Ilna, proche des réformateurs, le responsable des prisons de la province de Téhéran, Mostapha Mohebi, a affirmé qu'un jeune homme, identifié comme étant Sina Ghanbari, s'est "suicidé samedi à l'aube dans les toilettes de la prison d'Evine en se pendant".

M. Mohebi, n'a pas donné d'autres précisions sur ce détenu et les circonstances de son arrestation, mais le député réformateur Mahmoud Sadeghi a affirmé sur Twitter que le jeune homme retrouvé mort à Evine était "l'un des protestataires arrêtés dans les récents troubles".

Citant une source officielle anonyme, Ilna dément toutefois ces affirmations, écrivant que la personne a été arrêtée pour trafic drogue et qu'elle s'est suicidée.

Dans son message sur Twitter, M. Sadeghi a mis en garde contre le danger d'un "second Kahrizak", du nom d'une ville dans les environs sud de Téhéran où trois opposants sont morts en détention en juillet 2009.

Selon une enquête parlementaire, les trois détenus - arrêtés lors des manifestations massives de 2009 contre la réélection controversée de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad - sont morts après avoir été torturés par certains de leurs geôliers.

L'affaire avait provoqué un scandale et le centre de détention de Kahrizak avait été rapidement fermé sur ordre du Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei.

L'Iran a été touché du 28 décembre au 1er janvier par des troubles à l'occasion de manifestations contre la vie chère et le pouvoir dans plusieurs dizaines de villes. Ces troubles ont fait officiellement 21 morts.

M. Sadeghi a affirmé mardi que 3.700 personnes ont été arrêtées en lien avec ces troubles depuis le 28 décembre, sans préciser combien sont encore en détention.

Selon les autorités, une majorité de manifestants arrêtés pendant la vague de protestation a été libérée.

Avec AFP