Jane Goodall, de l'étude des chimpanzés aux images satellite

La célèbre primatologue britannique Jane Goodall regarde des chimpanzés à travers une vitre au zoo de Sydney, le 31 août 1997.

Connue pour son travail sur les chimpanzés en Afrique de l'Est, Jane Goodall se tourne désormais, avec un enthousiasme communicatif, vers les nouvelles technologies pour sauver la planète.

A 82 ans, la célèbre primatologue britannique affirme avoir plus d'énergie et de détermination que jamais, en particulier grâce au travail qu'elle mène à travers le monde avec des jeunes de différents pays.

"Je garde toujours espoir même si je pense avoir vu plus que quiconque les dégâts que nous infligeons à notre planète", a-t-elle expliqué lors de la grand-messe de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se déroule cette année à Honolulu (Hawaï).

"Nous développons en permanence de nouvelles technologies qui nous permettront de vivre plus en harmonie avec la nature", ajoute-t-elle.

C'est à l'âge de 26 que Jane Goodall a commencé ses recherches sur le comportement des chimpanzés sauvages de la réserve de Gombe en Tanzanie.

Elle fut la première à donner des noms, plutôt que des numéros, aux primates qu'elle étudiait et elle montra qu'ils étaient capables d'utiliser des outils, une démarche que l'on a longtemps cru réservée uniquement à l'homme.

Près de six décennies plus tard, elle défend toujours avec passion la biodiversité, en s'appuyant en particulier sur l'Institut Jane Goodall, créé à la fin des années 70.

'Encore plus passionnée'

Cette organisation utilise désormais des images satellite et des technologies de la NASA pour faire avancer ses projets de protection de l'environnement sur le contient africain.

En voyant pour la première fois une image aérienne haute-résolution de leur territoire - et son évolution sur les décennies écoulées - les habitants du parc national de Gombe ont mieux compris les risques auxquels ils étaient exposés et la façon dont ils pouvaient gérer leurs propres ressources.

"La raison pour laquelle cela fonctionne est que nous avons combiné cette perspective vue du ciel avec la connaissance fine que les communautés ont de leur environnement", explique Lilian Pintea, qui travaille avec la primatologue sur ce projet.

"C'est une juxtaposition absolument fascinante", souligne Jane Goodall.

La dynamique octogénaire, qui voyage 300 jours par an, insiste sur le rôle des réseaux sociaux, qui, "lorsqu'ils sont utilisés de façon pertinente, peuvent rassembler des gens à travers le monde dans des proportions inégalées".

Elle apparaît aussi dans un nouveau film sur les dangers du changement climatique, intitulé "Time to Choose" (L'heure des choix), écrit et réalisé par Charles Ferguson, auteur de "Inside Job" qui jetait un éclairage cru sur les pratiques de Wall Street.

Lors de la présentation de ce documentaire à Honolulu, la Britannique a aussi mêlé sa voix au débat sur la campagne présidentielle américaine.

Alors que l'un des intervenants soulignait que la plupart des Américains étaient désormais pleinement conscients des dangers du changement climatique, elle a bondi. "Pas Trump !", a-t-elle lancé, très applaudie, en référence au candidat républicain qui traite cette problématique par le mépris.

Face à l'avalanche de sombres pronostics pour la planète, la primatologue n'est-elle jamais tentée de baisser les bras?

"Je trouve qu'il est plus facile de devenir, au contraire, encore plus passionnée", répond-elle.

"J'ai 82 ans. Chaque jour qui passe me rapproche de la fin. Il y a tellement à faire. Je suis absolument déterminée à mettre à profit tout le temps qu'il me reste".

Avec AFP